Tel pourrait être le titre de l’une des dernières réalisations du Théâtre de la Parole en collaboration avec Energie Commune. Sans pour autant faire appel à Saint-Exupéry, et au travers de leur dernière création en commun : « Regarde et raconte… » Un spectacle qui se veut un soutien pour imaginer de futurs désirables et sensibiliser à la transition énergétique. Mais aussi une expérience participative créée avec les artistes Chantal Dejardin et Thierry Duirat. Et enrichie d’animations autour de notre rapport à l’énergie.
Comme déjà abordé dans les pages de Renouvelle (voir par exemple notre article : La transition sera d’abord culturelle), les crises énergétiques et les dérèglements climatiques provoquent déjà et provoqueront dans les prochaines décennies des modifications profondes de nos modes de vie, qu’elles soient planifiées ou subies.
Ces bouleversements nous font perdre nos repères et génèrent une éco-anxiété grandissante dans la population. Le repli sur soi et la tentation totalitaire semblent prendre le dessus (Voir l’article du Soir : https://www.lesoir.be/490389/article/2023-01-22/noir-jaune-blues-la-gouvernance-autoritaire-seduit-les-belges). Dès lors, comment traverser ces crises en échappant à la montée des populismes, à la perte de cohésion sociale et à la violence ? Face à l’épuisement des énergies fossiles et des matières premières, comment ré-enchanter un avenir nécessairement plus sobre et inclusif ? Et si le défi le plus important et le plus urgent était d’opérer pour les générations futures, la transformation culturelle que l’urgence écologique nous impose de toute façon ?
Pour relever ce défi, il s’agit de multiplier les occasions de remettre en question nos normes, valeurs, mythes et récits pour en faire émerger de nouveaux.
Une cocréation inédite
Le Théâtre de la Parole et Energie Commune se sont ainsi associés pour questionner nos perceptions de l’avenir et nous inviter à agir ensemble dans une énergie nouvelle et collective.
« Regarde et raconte » a ainsi été présenté pour la première fois en novembre dernier au Théâtre de la Parole. Au travers de contes, de textes poétiques et de chants populaires portés par la voix et l’accordéon de Chantal Dejardin, sur la base de paroles récoltées dans des lieux populaires en Wallonie et à Bruxelles, il propose des allers-retours entre présent, passé et avenir en alliant la force des récits et la puissance imaginaire de la musique.
Aborder la transition écologique par le sensible
Le début du spectacle plonge directement le public au cœur des questions philosophiques, voire spirituelles, auxquelles on se confronte lorsqu’on prend la mesure des enjeux auxquels l’humanité est confrontée. En quoi pouvons-nous encore avoir foi ? Comment faire le deuil de ce qui est déjà perdu ? Comment accepter l’incertitude dans une société dominée par la volonté de contrôle ? Chantal Dejardin nous appelle subtilement à nous libérer de récits mortifères, à travailler sur la consolation et à envisager la vie chemin faisant.
Les contes nous parlent de catharsis. Lorsqu’on se rend compte collectivement qu’on est face à un gouffre, une énergie vitale explose et les paroles se délient (On s’y dit tout… amour, rancœur, remords). Le spectre de la fin d’un monde laisse aussi place à la naissance d’un autre à bâtir sur des bases plus solides. La danse et le mouvement collectif permettent d’accueillir les émotions et de libérer cette énergie pour créer du lien et reprendre pieds collectivement.
S’il faut rebâtir un monde, de quel monde parle-t-on ?
A travers les contes, le spectacle parle de richesse (c’est quoi ?) et d’inégalités, de propriété privée et d’appropriation du vivant (le monde m’appartient ou j’appartiens au monde ?), de compétition et d’entraide. Il remet en question nos métiers, nos écoles, notre mobilité, nos relations aux objets et aux outils, nos modes de gouvernance… On se demande si un futur attractif ne serait pas finalement très influencé par un monde antérieur. Face à l’assertion « On ne va quand-même pas revenir à la charrue », le spectacle semble répondre « non, mais les modes de vies de nos grands-parents et arrières grands-parents pourraient beaucoup nous inspirer ». Sans jamais donner de leçons ni de recette miracle, le spectacle suggère des moments sensibles où la sobriété et l’entraide ne sont jamais loin.
Des animations pour libérer la parole
En marge du spectacle, diverses animations sont proposées autour de planches graphiques créées par l’artiste pluridisciplinaire Thierry Duirat. Elles favorisent le débat autour de notre rapport culturel à l’énergie et autour des inégalités sociales dans ce rapport. Elles nous invitent à envisager plusieurs manières de considérer les sources d’énergie (bien commun, bien public, propriété privée, arme de guerre…) et à nous demander ce que chacune de ces options changerait dans nos vies.
Un outil à faire circuler
A l’heure où de nombreuses communes, associations, entreprises, groupes de transition, ou centres culturels souhaitent initier et animer des dynamiques citoyennes autour de l’énergie et de la transition écologique, ce spectacle et les animations qui l’entourent offrent une porte d’entrée sensible et mobilisatrice adaptée à tous types de publics.
Pour en savoir plus « Regarde et Racontre », vous pouvez visualiser cette petite vidéo:
Pour plus d’informations sur la démarche et pour réserver le spectacle et des animations :
Théâtre de la parole
Rue du Rouge-Cloître 7d
1160 Bruxelles
Téléphone : 02 736 69 50
Email: info@theatredelaparole.be