Après trois ans de recherches, le projet Slowheat partage ses résultats. Est-ce que mieux chauffer les corps et moins les logements change vraiment quelque chose ? C’est un grand oui.
Pour diminuer l’impact des émissions de CO2, il devient impératif de repenser les moyens utilisés pour se chauffer. En effet, ce dernier est l’un des plus gros postes de consommation d’énergie et doit dès lors être revu à la baisse si l’on veut atteindre les objectifs de neutralité climatique.
Selon EUROSTAT, le secteur résidentiel représente 27% de la consommation finale énergétique de l’Union européenne et plus de 64% de celle-ci tire son origine du chauffage des espaces. Dans ce contexte, il a été décidé que tous les bâtiments devront être à zéro émission et climatiquement neutres d’ici 2050. Mais la rénovation des bâtiments existants et l’attention particulière accordée à la performance énergétique des nouvelles constructions ne suffiront pas si nous ne remettons pas en question notre consommation énergétique.
Il y a trois ans, débutait le projet de recherche Slowheat, dont nous vous avions déjà parlé dans un précédent article. Celui-ci avait pour objectif de repenser la façon dont on utilise l’énergie thermique pour mieux la cibler en partant d’une base simple : mieux chauffer les corps, moins les espaces.
Impliquant 23 ménages bruxellois, il s’est étalé d’octobre 2020 à septembre 2023. Les résultats récemment partagés ont démontré que les habitudes de chauffage ont progressivement été adaptées aux besoins réels sans pour autant bouleverser les modes de vie.
Concrètement, la température intérieure de départ était de 19°C (définie d’après les données transmises par la majorité des participants). Après quelques mois d’expérimentations et d’adaptations, elle passait déjà, pour certains d’entre eux, à 16,8 °C pour atteindre finalement 15°C au bout de trois ans.
Les résultats soulignent également une réduction de 2,7°C entre le premier hiver et le troisième, et ce pour la semaine la plus froide. D’un point de vue global, la température intérieure avait atteint 15,1°C lors du troisième hiver, enregistrant donc une baisse de 3,9°C par rapport à la température de référence.
À la fin, c’est une diminution de 50% de la consommation de chaleur qui a été constatée, sans augmentation de l’électricité.
S’adapter au Slowheat sans tout chambouler
Comme déjà introduit plus haut, de tels résultats ont nécessité certaines adaptations mais qui n’ont pas mis sens dessus dessous le quotidien des ménages.
Pour moins solliciter le chauffage central, plusieurs pistes ont été suivies, à commencer par les systèmes de chauffage personnel comme des couvertures chauffantes, des radiateurs infrarouges portables, des sièges de bureau chauffants, etc. Mais plus la recherche progressait, plus ces systèmes étaient délaissés au profit de nouvelles habitudes vestimentaires. On parle ici de sous-vêtements thermiques, de couches supplémentaires comme des pulls ou ponchos, ou encore de l’utilisation systématique de couvertures lorsqu’on est au repos.
Les dispositifs de chauffage individuel étaient finalement plutôt utilisés pour des situations statiques de longue durée comme le télétravail. Ce dernier, et d’autres activités du genre, ayant aussi été déplacé dans des pièces plus chaudes quand c’était possible. Mais ce n’est pas tout, puisque l’espace d’habitation a également été adapté, notamment par la pose de rideaux intérieurs entre les différentes pièces afin de réduire les courants d’air et de conserver la chaleur le plus possible.
Un espace d’échanges prévu entre les participants a pu mettre en évidence le fait que le confort ne semble pas avoir été particulièrement mis à rude épreuve en raison de la baisse de température et des changements initiés.
Bien sûr, l’impact sur les factures n’a pas été mis de côté. En se basant sur celles de référence, il a été constaté une baisse moyenne de 50% de la consommation de gaz et de 14% de celle d’électricité. Ces diminutions sont cependant à remettre dans le contexte, certains habitants bénéficiant d’équilibres différents entre la perte de chaleur, les gains passifs et les conditions de voisinage.
Fait étonnant selon l’étude, la consommation électrique aurait dû augmenter à cause de l’utilisation des systèmes de chauffage personnel, mais il est supposé que la hausse des prix de l’énergie, conséquence du conflit en Ukraine, a été compensée par des économies d’électricité à d’autres postes.
En conclusion, l’expérience Slowheat était une occasion d’explorer des solutions de chauffage alternatives et non pas uniquement de réduire la température intérieure. Un projet de recherche qui montre que, malgré certaines craintes concernant la perte de confort, se chauffer de façon plus ciblée pour moins solliciter le chauffage central est possible. De quoi convaincre plus de personnes de passer au Slow Heat ? On l’espère !
Les résultats (en anglais) peuvent être consultés ici.