BRUGEL, le régulateur bruxellois pour l'énergie, a récemment publié une première étude coûts-avantages sur le partage et les communautés d'énergie.
A l’heure où la Wallonie affiche ses premiers frémissements pour développer les communautés d’énergie et le partage d’énergie sur son territoire, Bruxelles fait figure de capitale européenne innovante en la matière vu que ces concepts sont déjà expérimentés depuis quelques temps. A la lumière de ces premières expériences, et dans le cadre de ses obligations légales, BRUGEL, le régulateur bruxellois pour l’énergie, a chargé un bureau de conseil de réaliser une première étude coûts-avantages sur le partage et les communautés d’énergie.
Cette étude, la première du genre en Belgique, jette les bases d’une évaluation plus approfondie des coûts et des avantages de ces nouveaux concepts pour la gestion du réseau bruxellois qui devrait suivre dans les mois à venir, mais aussi pour les consommateurs, les producteurs d’énergie et les fournisseurs d’électricité. Ces concepts sont encore émergents : 14 projets de partage fonctionnent (dont la plupart dans un même bâtiment (hors communauté)) actuellement à Bruxelles. Le retour d’expérience est donc encore limité.
Les coûts engendrés par le partage d’énergie pour le gestionnaire du réseau de distribution ont été estimés sur une période allant de 2023 à 2042. Ils concernent principalement les moyens humains et informatiques nécessaires à la gestion du partage d’électricité. Les bénéfices quantifiables ont également été identifiés : le partage d’énergie provenant de sources renouvelables, telles que les installations solaires photovoltaïques, permet de réduire les pics d’injection dans le réseau des participants, retardant ainsi les investissements nécessaires du renforcement du réseau. Alors que la Région de Bruxelles-Capitale et d’autres régions se tournent de plus en plus vers des solutions énergétiques durables, le partage d’électricité et les communautés d’énergie offrent des opportunités pour aller plus vite vers un système énergétique plus résilient et écologique. Cette étude ouvre la voie à de futures analyses et à des décisions plus éclairées sur le tarif réseau juste à appliquer à l’électricité partagée.
Et en chiffres ça donne quoi ?
L’étude met en évidence des avantages significatifs tant pour le gestionnaire du réseau de distribution (GRD), que pour les consommateurs et la société dans son ensemble. Elle s’est basée sur 3 scénarios différents qui couvrent des tendances d’évolution possibles et contrastées, comme suit :
• Scénario 1 : développement très faible (taux de pénétration du partage d’énergie égal à 1 % des points de fourniture en Région de Bruxelles-Capitale) ;
• Scénario 2 : développement médian (taux de pénétration du partage d’énergie égal à 5 % des points de fourniture en RBC) ;
• Scénario 3 : développement significatif (taux de pénétration du partage d’énergie égal à 20 % des points de fourniture en RBC)
Avantages pour les consommateurs :
- Avantage économique : Les participants peuvent bénéficier d’un prix de l’énergie partagée plus compétitif que celui proposé par un fournisseur et stable dans le temps.
- Cercle vertueux : Les bénéfices de la communauté d’énergie peuvent être réinvestis dans des actions telles que la rénovation énergétique et l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments.
Avantages pour le GRD : seuls les scénarios 2 et 3 sont bénéfiques pour le gestionnaire de réseau
- Scénario 2 (taux de pénétration de 5 %) : Bénéfice estimé de 16 millions d’euros de valeur actualisée nette théorique sur la période 2023-2042, avec une réduction moyenne de la contribution à la pointe de 1 kW par participant.
- Scénario 3 (taux de pénétration de 20 %) : Bénéfice estimé de 97 millions d’euros de valeur actualisée nette théorique sur la période 2023-2042, avec une réduction moyenne de la contribution à la pointe de 1 kW par participant.
Avantages pour la société :
- Environnement : De 138.000 à 2.762.000 tonnes de CO2 évités sur la période 2023-2042, selon les scénarios et les hypothèses de l’étude.
- Économie : Évolution des comportements de consommation, une utilisation rationnelle de l’énergie et un développement de l’innovation technologique à l’échelle locale.
- Social : Lutte contre la précarité énergétique, inclut les classes sociales les plus précaires dans la transition énergétique et renforce le lien social au niveau local.
Ces chiffres mettent en évidence les nombreux avantages potentiels du partage et des communautés d’énergie, tant d’un point de vue économique, environnemental que social et ouvrent ainsi la porte à la prolongation ou la mise en place de soutiens spécifiques justifiés, tels que des tarifs réseaux préférentiels pour l’électricité partagée par exemple. Ils soulignent l’importance de promouvoir leur développement et leur déploiement à grande échelle pour maximiser les bénéfices pour tous les acteurs et contribuer à une transition énergétique durable. Espérons donc que les initiatives continuent à se développer à Bruxelles et que la Wallonie puisse rapidement simplifier son cadre légal qui dresse encore trop de frein en la matière. Et ce, au bénéficie de tous les consommateurs : des ménages aux entreprises en passant par les pouvoirs publics.