L’entreprise wallonne Soil Capital accompagne et rémunère les agriculteurs qui développent une agriculture régénérative au bénéfice du climat et de la biodiversité. Une initiative en pleine expansion en Belgique, en France et en Grande-Bretagne.
Aujourd’hui, les agriculteurs peuvent choisir entre deux pratiques opposées : soit une agriculture intensive, qui épuise les sols, utilise des produits chimiques (engrais, herbicides, insecticides, …) et crée de l’érosion ; soit une agriculture régénérative, qui permet de stocker du carbone grâce à la photosynthèse, arrête l’érosion, favorise la biodiversité et purifie l’eau.
C’est ce dernier modèle que la jeune entreprise wallonne Soil Capital souhaite encourager. Pour cela, des bio-ingénieurs ont créé un programme innovant qui accompagne et rémunère les agriculteurs qui améliorent leurs pratiques et stockent du carbone – qu’ils soient en bio ou en agriculture conventionnelle.
Comment ça marche ?
A partir d’un diagnostic de référence, l’agriculteur peut s’avoir s’il est émetteur ou stockeur de carbone. Il peut ensuite améliorer ses pratiques agronomiques pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre ou séquestrer du carbone dans le sol. Sur base d’une comptabilité annuelle, il obtiendra un certificat pour chaque tonne de C02 évitée.
Les certificats – d’une valeur nominale de 27,50€ minimum – sont ensuite vendus par des experts sur le marché mondial du carbone. Les acheteurs sont des entreprises agroalimentaires – telles que AB InBev, L’Oréal Paris, IBA et Cargill – qui souhaitent réduire l’empreinte carbone des produits agricoles qu’elles achètent ou transforment.
Sur base d’un retour d’expérience, il n’est pas rare de stocker entre 0.5 et 2 tonnes de carbone par hectare par an ou d’améliorer le profil carbone de 0.5 à 1 tonne de carbone par hectare par an.
Ainsi, une exploitation agricole de 100 ha qui stocke 1 tonne de carbone par ha par an pourrait générer un gain net de plus de 11 300 euros au cours du programme de 5 ans. Une nouvelle source de revenu inespérée dans un secteur agricole en difficulté.
Comment améliorer l’empreinte carbone ?
Sur base des conseils de Soil Capital, l’agriculteur peut améliorer ses pratiques de 5 manières – les deux premières étant les plus performantes :
- Remplacer les intrants synthétiques (engrais, produits phytosanitaires, semences, …) par des intrants organiques ;
- Maximiser la couverture du sol avec des plantes vivantes ;
- Minimiser la perturbation du sol ;
- Diversifier la rotation des cultures ;
- Intégrer l’agroforesterie (terres agricoles associant des arbres et des cultures ou de l’élevage).
1 million d’hectares d’ici 2025
La première phase du programme (2020-21) a réuni 150 agriculteurs sur 35 000 ha et sur tout type de cultures et de sols, principalement en France mais aussi en Grande-Bretagne et en Belgique (15 exploitations). Pour la deuxième phase, Soil Capital annonce pouvoir accompagner 1000 agriculteurs. Les inscriptions sont ouvertes jusque février 2022.
Pour 2025, l’entreprise vise 10 000 agriculteurs et 1 million d’hectares en Belgique et en France d’abord, puis dans d’autres pays européens.
Rappelons également que les agriculteurs peuvent aussi améliorer leur bilan carbone par le développement d’installations agrivoltaïques.
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Mieux que la Politique Agricole Commune ?
Le Parlement européen a adopté fin novembre une réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), qui s’appliquera à partir de janvier 2023. Ce nouveau programme est jugé trop peu ambitieux, selon de nombreuses organisations environnementales.
Au départ, le Green deal européen s’annonçait pourtant ambitieux en matière d’objectifs climatiques pour l’agriculture d’ici 2030 : une baisse de moitié de l’usage des pesticides, la mise en culture de 25 % des terres en bio, une réduction de 20 % de l’usage des engrais…
Tout dépendra à présent de la mise en œuvre de la PAC par les instances européennes et par les Etats membres.
Paradoxalement, la dynamique de Soil Capital s’annonce plus porteuse pour décarboner le secteur agricole.