La mortalité des oiseaux et des chauves-souris est-elle croissante à cause des éoliennes ? Réponse en chiffres.
Selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), 12.259 espèces de faune et de flore sont aujourd’hui menacées d’extinction dans le monde. A l’heure où les éoliennes poussent tels des champignons, d’aucuns s’inquiètent de leur impact environnemental sur la faune. A commencer par l’avifaune et les chauves-souris en particulier. Qu’en est-il exactement en Région wallonne ?
Distinguer oiseaux et chauves-souris.
Dans ce débat, même si dans l’ensemble, on peut d’ores et déjà dire que l’impact sur la vie (et la mort) de l’avifaune et des chauves-souris est réduit, il faut distinguer celles-ci des oiseaux des chauves-souris car les chiffres et (causes de mortalités) ne sont pas les mêmes.
Les oiseaux, moins impactés
Les oiseaux sont moins dérangés par les éoliennes pour deux raisons principales : la première est que leur vue est nettement plus développée que celle des chauves-souris et qu’ils peuvent donc voir l’éolienne de loin et que la plupart d’entre eux peuvent anticiper toute éventuelle collision. Certes, la présence d’éoliennes peut perturber la nidification et la présence d’insectes et autres rongeurs dans son entourage immédiat et, partant, altérer la qualité de vie et de biodiversité dans l’entourage immédiat de l’éolienne. La présence des différentes espèces (plus ou moins sensibles) sont étudiées dans l’étude d’incidences environnementales avant l’implantation des parcs. Généralement, l’impact est limité et des mesures peuvent être prises pour le réduire. La Région wallonne exclut toute demande de permis éolien qui voudrait s’établir dans un couloir migratoire, pour éviter les risques de collisions. La loi impose en outre également au promoteur éolien de veiller à ne pas détériorer l’équilibre écologique du site. Une attention particulière est exigée pour les zones naturelles, les sites Natura 2000 et les zones protégées.
Avec toutes ces mesures, selon les recensements internationaux, les éoliennes ont une incidence très faible sur la mortalité parmi l’avifaune. Ainsi, selon une étude menée en Allemagne, l’un des pays les plus développés en termes de parcs éoliens, l’agriculture, les immeubles à vitres et …les chats tuent de 200 à 1.000 fois plus que les éoliennes.
Causes de décès d’oiseaux en Allemagne
(en millions d’individus)
Pour éviter 90 % des risques, il faudrait donc interdire les pesticides, éliminer les immeubles, les lignes à haute tension et … les chats.
Et les chauves-souris là-dedans ?
L’impact des éoliennes sur les chauves-souris peut se manifester de plusieurs manières. Tout d’abord, les pales des éoliennes peuvent heurter les chauves-souris en vol, provoquant des blessures ou la mort. De plus, les changements de pression atmosphérique autour des éoliennes peuvent perturber les capacités de navigation des chauves-souris, les faisant s’éloigner de leur trajectoire. Enfin, les éoliennes peuvent perturber les habitats de chauves-souris, en modifiant les conditions environnementales, telles que la lumière et le bruit. S’agissant de la mortalité directe, une étude menée aux Etats-Unis démontre que le taux de mortalité de chauves-souris lié à l’éolien oscille entre 2 et 18 chauves-souris par an et par éolienne selon les conditions d’installation et …l’espèce de chauves-souris concernée (il existe plus de 1.000 espèces de chauves-souris différentes). C’est dire toute l’ampleur du problème.
Etant donné ces différents risques, plusieurs mesures ont été prises, avec résultats probants, pour réduire le taux de mortalité lié à l’éolien. Ainsi, durant l’étude d’incidences sur l’environnement préalable à toute implantation de parc éolien, la fréquentation du site par les chauves-souris est étudiée en détail par des relevés au sol et en altitude. Les résultats sont ensuite analysés pour déterminer quelles espèces fréquentent le lieu et mesurer leur activité. La présence d’espèces de chauves-souris sensibles ou menacées entraînera la mise en place de mesures dites d’atténuation. Des modules spécifiques installés sur la nacelle permettent d’arrêter automatiquement les éoliennes quand un ensemble de conditions (lumière, température, humidité de l’air etc.) sont réunies et rendent la sortie des chauves-souris probable. Ces mesures, couplées à d’autres telles que, par exemple, l’émission d’ultra-sons pour faire-fuir les chauves-souris de zones à risques, permettent d’éviter 95% des contacts avec celles-ci, tout en limitant la perte de production d’électricité à quelques pourcents par an.
Un impact de moins en moins important.
A la lecture de ce qui précède, il est un fait certain que tant les oiseaux que les chauves-souris continuent à venir de temps en temps, malheureusement, se blesser ou se tuer sur les éoliennes. Ceci étant dit, avec la mise en place de différentes mesures comme notamment la réduction de vitesse ou l’arrêt total de l’éolienne dans les périodes de migration et/ou à plus haut risque, un important ralentissement de ces accidents se constate sur le terrain. Tant pour l’avifaune que les mammifères volants. Mieux, il apparait également clairement que la Région Wallonne, lorsqu’elle impose des contraintes d’emplacements de parcs en dehors de zones privilégiées par les oiseaux d’une part et oblige les promoteurs à aménager des zones compensatoires de l’autre, a, elle aussi, un effet bénéfique. Les zones compensatoires étant des aménagements de zones attractives tant en termes de nourriture que de nidification qui vont détourner les oiseaux comme les chauves-souris des espaces proches des éoliennes. Car l’avenir est sans doute là, vivre ensemble mais, de temps à autres, garder ses distances pour mieux coexister de manière…durable.