La commune de Donceel annonce l’installation de 100 mini-éoliennes « Tulipes » sur son territoire, en partenariat avec un fabricant américain. Cette opération, largement médiatisée, s’avère trompeuse : ce type de turbines ne produit quasi pas d’électricité !
La commune de Donceel, en région liégeoise, annonce l’installation de 100 mini-éoliennes « Tulipes » sur plusieurs sites, en partenariat avec le fabricant américain Flower Turbines, qui souhaite en faire une plate-forme de démonstration en Europe.
L’APERe, association belge de référence dans le domaine des énergies renouvelables, a aussitôt réagi par communiqué. « Malgré l’image novatrice de ce projet, l’APERe attire l’attention des autorités communales sur les nombreux risques et les retours d’expérience souvent négatifs qui ont été vécus en matière de micro-éoliennes et auxquels Flower Turbines ne semblent malheureusement pas échapper. »
En effet, les éoliennes de faible puissance (inférieure à 50 kW) lancées sur le marché sont très rarement conformes à la norme internationale en matière de micro-génératrices – à savoir la norme IEC 61400-2.
Des turbines non conformes
Cette norme, européenne mais reconnue mondialement, garantit à la fois la solidité des matériaux, la fiabilité des composants électroniques, le respect des normes de bruit et, surtout, la certification du productible annuel, c’est-à-dire la garantie que le nombre de kWh annoncé sera bien produit annuellement pour chaque type de gisement venteux.
On s’en doute, le processus de certification à la norme IEC exige de nombreux contrôles et analyses, ainsi que des tests approfondis sur site-pilote en conditions extrêmes. Ce processus entraîne pour le fabricant un coût important et impacte de manière significative le prix de vente de l’éolienne.
Mais seule une machine certifiée conforme à la norme internationale permet d’avoir une garantie en matière de production électrique.
Aucune garantie sur le productible
Or, c’est précisément là que le bât blesse : la grande majorité des micro-éoliennes ne sont pas conformes à la norme, et rares sont les fabricants qui annoncent les performances réelles de leurs prototypes.
« Résultat : les exemples foisonnent de micro-éoliennes qui ne produisent quasi-rien ou qui n’ont jamais donné un seul coup de pale ! », explique l’APERe, qui a également rédigé un Vade-mecum pour l’implantation d’éoliennes de faible puissance en Wallonie.
Un coût de production 2 x plus cher
Renouvelle a analysé les spécifications techniques de la « Wind Tulip », ce qui nous conforte dans nos craintes :
- Le coût de production annoncé revient entre 5000 et 6000 € le kW installé, soit le double de la moyenne en matière de petit éolien;
- Avec une puissance nominale de 2 kW, la turbine atteindra péniblement une production de 1600 kWh/an dans des conditions optimales, ce qui n’est pas le cas à Donceel.
- L’installateur prévoit d’installer certaines éoliennes en toiture ou au sol. Or on sait que toutes les installations en toiture se sont soldées par un échec, et que seules les éoliennes hissées sur un mât suffisamment haut produisent de manière satisfaisante (d’où un coût supplémentaire).
Ternir l’image du petit éolien
En résumé : installer 100 mini-éoliennes sur un petit territoire, est-ce bien raisonnable, vu la production d’électricité dérisoire et l’impact paysager important ?
Ce projet de démonstration risque bien de ternir l’image du secteur du petit éolien, pourtant plein de potentialités pour les acteurs professionnels sérieux.