L’énergie et le climat : ça passe aussi par l’échelon local !

Œuvrer pour le climat et la transition énergétique ça n’est pas qu’une affaire de grande échelle. S’y consacrer au niveau local est tout à fait possible, voire indispensable pour faire avancer les choses.

Face aux actualités géopolitiques et économiques qui tombent chaque jour, en Belgique et à l’étranger, on est en droit de se sentir, parfois, sidéré.

Noyés dans ce flux constant d’informations, les alertes des scientifiques sur l’urgence environnementale ont eu tendance à être éclipsées. Selon l’Emissions Gap Report 2024 des Nations Unies, avec les politiques actuelles, il y a deux chances sur trois que le réchauffement mondial dépasse les 3,1°C. Or, à ce niveau, la Belgique pourrait se réchauffer de plus de 4°C.

Ces chiffres donnent le tournis. À force de voir les choses au niveau global, on perd autant en compréhension qu’en capacité d’action. On perçoit le danger, mais beaucoup moins les solutions ! Et si on changeait d’échelle ? Plutôt que de concentrer notre énergie sur ce qui nous échappe, nous pourrions plutôt l’investir là où elle peut réellement peser : dans nos territoires, nos communes, nos quartiers.

Le local, parent pauvre de l’attention public et médiatique, est pourtant le niveau d’action le plus concret et le plus puissant. Certes, une commune ne bouleversera pas seule la courbe des émissions mondiales. Mais elle peut transformer le quotidien de ses habitants, organiser la résilience face aux crises climatiques, et inspirer d’autres territoires. C’est à cette échelle que se joue l’adaptation et que se construit la transition, avec des choix concrets sur le logement, la mobilité, l’alimentation, la solidarité, notre rapport à la nature…

Mais rien de tout cela ne se fera sans l’implication active des citoyens. Il est donc grand temps de muscler ce rez-de-chaussée de la transition et de la démocratie : comités de quartier, groupes de voisins, communs, initiatives citoyennes, coopératives, associations, luttes locales, … Les alternatives existent, elles n’attendent qu’à monter en puissance, et de nombreux collectifs ont besoin de renforts !

Sans nier l’importance de voir grand, nous vous proposons 3 manières de commencer petit pour vous impliquer localement dans la transition !

Interpellez vos élus

On l’ignore souvent, mais chaque habitant peut interpeller directement le collège communal lors des séances publiques du conseil. Pourtant, ce droit est très peu utilisé. Bien qu’une réponse ou action immédiate ne sont pas garanties, cet outil a l’avantage d’être simple d’accès et de vous donner une voix dans le débat public.

Le collectif Occupons le terrain a d’ailleurs réalisé une fiche pratique pour vous guider dans cette démarche .

Impliquez-vous dans un processus participatif local  

Budget participatif, commission locale de développement rural, comité de pilotage du plan énergie-climat… Les processus participatifs ne manquent pas à l’échelle communale. Ils sont loin d’être parfaits, mais ils ont le mérite d’exister et d’initier une nouvelle culture de la participation citoyenne.

Pourquoi s’y investir ?

  • C’est au niveau communal que la confiance envers les institutions est la plus forte.
  • Les citoyens veulent s’impliquer ! Un sondage RTBF/La Libre montre que 60% des Wallons sont prêts à s’investir dans la gestion communale… à condition qu’on leur en donne les moyens.
  • A cet égard, la Région wallonne teste actuellement 20 comités de pilotage énergie-climat dans des communes pilotes. Leur objectif ? Associer citoyens, associations et élus pour coconstruire des plans climats locaux, réduire les émissions, s’adapter aux crises climatiques et améliorer la qualité de vie.
  • Envie de vous lancer ? Consultez le site de votre commune pour voir quelles commissions consultatives existent près de chez vous.

Rejoignez une association ou un collectif près de chez vous

La vraie démocratie ne se joue pas uniquement dans les urnes, elle se construit chaque jour, quand chacun met son énergie au service du bien commun. Alors, commencez petit :

  • Promenez-vous dans votre commune et repérez ce qui pourrait être amélioré.
  • Discutez avec vos voisins, soutenez les projets locaux.
  • Engagez-vous sur les enjeux qui comptent pour vous : mobilité, logement, climat, justice sociale…

Aujourd’hui, la société civile a dû prendre le pas sur l’Etat, dans bien des domaines, à travers des associations qui assurent l’accès au logement, l’aide alimentaire, la lutte contre les discriminations, la transition écologique… Mais elles manquent cruellement de bras !

Trouvez une cause qui vous tient à cœur et proposez votre aide. Toute contribution, même minime, fait la différence. Voici quelques ressources pour identifier les initiatives locales :

Et si on atteignait un point de bascule ?

On parle souvent des points de bascule climatiques, ces seuils critiques au-delà desquels le système Terre s’emballe. Mais connaissez-vous les points de bascule sociaux ? Des études montrent qu’il suffit que 10% de la population adhère à une nouvelle norme pour qu’elle devienne majoritaire.

Mais attention : pour que les initiatives citoyennes tiennent dans la durée, elles doivent nouer des alliances, notamment avec le pouvoir public. C’est ce qui ressort d’une étude menée par Michel Bauwens à Gand. Il démontre que beaucoup d’initiatives s’essoufflent après 2 ou 3 ans faute de soutien. Ce qui fonctionne, ce sont les alliances entre citoyens, communes et acteurs privés.

C’est là que l’interpellation communale et la participation aux commissions prennent tout leur sens pour relayer vos demandes ! La commune a tout à gagner à encourager ces dynamiques, en soutenant des habitants qui deviennent aussi des acteurs du changement.

Alors, vous commencez quand ?