La Wallonie veut encourager le transport fluvial

Chaque année, les bateaux transportent 40 millions de tonnes de marchandises en Wallonie. Cela représente 2 millions de camions en moins sur nos routes ! Le Gouvernement wallon veut développer ce transport plus durable.

En Wallonie, le transport de marchandises représente 10% de notre mobilité. Or ce trafic se fait principalement par route (84%), tandis qu’une petite partie du fret circule par chemin de fer (9%) et par voie fluviale (7%). 

Les camions sont ainsi responsables de 99 % des émissions de CO2 du transport terrestre de marchandises, sans compter les autres nuisances pour les habitants : pollution, bruit, vibration, embouteillages, … 

Et ce transport routier est en croissance : si l’on n’agit pas, il devrait représenter, en 2040, 79.5 milliards de tonnes.kilomètre, avec une hausse de 20% du trafic ! 

Consciente de ces enjeux, la Wallonie a récemment adopté une Stratégie Régionale de Mobilité dédié aux marchandises

Si aucuns objectifs chiffrés ne sont fixés, cette stratégie démontre la volonté de développer les modes de transport alternatifs à la route afin de réduire de manière significative ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. 

Car le transport de marchandises par trains et par bateaux s’avère nettement moins énergivore et plus écologique. 

La Wallonie compte 450 km de voies navigables et 1 665 km de voies ferrées reliées à toute l’Europe.  

A ce titre, la réouverture en 2022 du Canal Condé-Pommerœul – fermé durant 40 ans – offrira un accès fluvial direct entre les bassins économiques wallons et le nord de la France avec la perspective, à terme, d’une liaison à grand gabarit vers Paris. 

Sur les voies navigables wallonnes, on constate une diminution du nombre de bateaux, mais une augmentation du tonnage de ces derniers (+ 23 %). Il y a donc moins de circulation, mais plus de « poids lourds » sur nos cours d’eau. Cela est lié aux améliorations opérées sur nos voies navigables pour permettre le passage de bateaux plus larges. 

Ces bateaux transportent en majorité des matériaux de construction. 

Voici des illustrations qui résument bien l’intérêt du transport fluvial. 

Une gestion plus complexe 

Encore faut-il encourager les entreprises à choisir la voie fluviale plutôt que la route, et ce n’est pas une mince affaire ! 

En effet, le transport par bateaux s’avère plus lent, plus massifié et pertinent sur une très longue distance, et ne permet pas la livraison de porte à porte, contrairement aux camions. Il en découle une gestion logistique plus complexe, nécessitant d’intégrer les chargements et le stockage de grands volumes et d’assurer l’intermodalité c-à-d le transfert des marchandises du bateau vers un autre moyen de transport (train, camion) afin de parcourir les derniers kilomètres et livrer le client final. 

L’entreprise doit ainsi reconsidérer son organisation, non plus seulement en flux de transport mais aussi en flux de production : manutention, outils de chargement, gestion du stock de production, gestion des envois, gestion administrative, etc. 

C’est à cette condition que le transport fluvial peut structurer la logistique d’une entreprise et devenir un facteur de gain et d’efficacité (lire notre interview de Pascal Moens, Directeur Transport et Intermodalité des Marchandises au SPW Mobilité et Infrastructures). 

Pour aider les entreprises à faire ce choix, le Service Public de Wallonie, à travers sa Direction générale opérationnelle de la Mobilité et des Voies hydrauliques, délivre des conseils et une expertise gratuits pour favoriser le transfert modal. 

Illustrations ci-dessus et ci-dessous : Vue du Trilogiport intermodal à Liège. 
Chaque tonne de fret transporté par bateau consomme 4 à 6 fois moins d’énergie que sur la terre ferme et émet 2 à 3 fois moins de CO2 que le transport routier. 

Des incitants pour les entreprises 

Dans la même logique, la Wallonie a renouvelé le Plan d’aides aux modes de transport alternatifs pour la période 2021-2025, assorti d’un budget total de 20 millions €. En favorisant l’investissement des entreprises wallonnes dans le développement et l’usage des modes de transport moins polluants, le Gouvernement wallon entend ainsi rencontrer des objectifs tant économiques qu’environnementaux. 

Ce Plan vise à inciter les entreprises industrielles et logistiques à utiliser davantage le rail ou la voie d’eau, à développer le transport fluvial de conteneurs et à moderniser la flotte wallonne de navigation intérieure qui émet deux à trois fois moins de CO2 par tonne transportée que le transport routier. 

Le Gouvernement wallon a instauré trois primes : 

  • Une prime au transport fluvial de conteneurs 
    Aujourd’hui, 5 terminaux wallons utilisent une navette fluviale pour transporter des conteneurs entre la Wallonie et Anvers ou Rotterdam. Ce dispositif a évité le transport de près de 100 000 conteneurs par les routes. L’objectif est de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi dans le domaine de la logistique.  
      
  • Une prime aux investissements dans des équipements de transbordement de marchandises 
    En 2018, les entreprises qui ont bénéficié d’une prime à l’investissement dans ce type de matériel ont chargé 5,5 millions de tonnes sur les transports fluviaux. Cela représente 220.000 camions en moins sur les routes et 40.000 tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère, par rapport à un transport routier équivalent. 
      
  • Une prime à l’adaptation technique de la flotte wallonne de navigation intérieure 
    Cette prime tend à développer, spécialiser, et verdir la flotte intérieure en Belgique car de nombreux bateaux tournent encore avec des moteurs diesel peu efficaces. Les bateaux pourront donc acquérir des moteurs plus performants, ou d’autres équipements afin de se spécialiser dans certains transports précis. 

Pour réussir sa stratégie, la Wallonie devra également développer une expertise de la géographie des flux de marchandises et des prix du transport, pour affiner notamment la connaissance du domaine de pertinence de chaque mode. 

Elle pourra alors identifier les flux qui peuvent éviter la route et s’avérer plus compétitif par voie fluviale. 

Un vaste programme, donc, à la hauteur du défi énergétique et environnemental.