Depuis quelques années, l’hydrogène renouvelable fait beaucoup parler de lui. Rien d’étonnant quand on connaît le potentiel qu’il détient pour la production d’énergie décarbonée. L’Union européenne a décidé d’en faire une pièce maîtresse de son développement des nouvelles énergies renouvelables pour une transition énergétique efficace.
Actuellement, chez nous, Fluxys (gestionnaire du réseau gazier belge) teste actuellement un projet de stockage d’hydrogène en sous-sol. Une première mondiale ouvrant la perspective du stockage du surplus de production d’énergies renouvelables, transformé en hydrogène, pour une utilisation ultérieure. Mais la Belgique, berceau de la capitale de l’Europe s’y attribue un autre rôle, beaucoup plus central : le transport.
L’hydrogène, cet eldorado européen
Nouvelle égérie européenne de l’énergie verte, on sait que l’hydrogène jouera un rôle clé dans les domaines de l’industrie et des transports, pour ne citer que quelques exemples (mais forts significatifs). Il devrait permettre le remplacement des énergies fossiles en apportant des capacités de stockage, éventuellement intersaisonnier, des énergies de flux que sont le solaire et le vent. Par un effet domino, il contribuera donc à la diminution des gaz à effet de serre. Pour une transition énergétique réussie et équitable entre les états européens, il faudra développer et diversifier la production de ces énergies pour pouvoir atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.
L’hydrogène pour tous, tous pour l’hydrogène
Bien que la transition soit en marche, les états européens ne logent pas tous à la même enseigne concernant la fabrication d’hydrogène renouvelable. Entre le besoin d’électricité bon marché (via par exemple de grands excédents) et un fonctionnement constant pour pouvoir faire fonctionner les hydrolyseurs, de manière économiquement acceptable, comment bénéficier des avantages de l’hydrogène en Belgique ? L’hydrogène étant souvent présent sous forme gazeuse, il faut pouvoir le transporter ! S’agissant d’un type de gaz bien spécifique, une réadaptation des gazoducs existants est cependant nécessaire. Leur transformation serait une approche plus judicieuse que la construction de nouvelles infrastructures. Cela permettrait une transition énergétique moins coûteuse et plus rapide. Actuellement, des initiatives comme le EHB (European Hydrogen Backbone) planchent sur le déploiement d’un réseau de distribution d’hydrogène vert qui arriverait à un réseau de 53000 km d’ici 2040. Et la Belgique dans tout ça ?
Le transport comme stratégie
Avec pour ambition de devenir le leader européen dans le domaine de l’hydrogène, la Belgique a entamé une stratégie afin de devenir le cœur battant qui fera circuler cet hydrogène internationalement.
Bien que celle-ci reprennent les différents aspects de l’hydrogène comme la production et le stockage, en passant par la fabrication du matériel pour le produire, l’accent a surtout été mis sur le transport.
Que cela soit pour l’utiliser ou le stocker (ailleurs que dans son lieu de production), il faudra bien pouvoir transporter tout cet hydrogène. Avec un positionnement géographique avantageux (que nos pays voisins voient aussi d’un bon œil), il n’est donc pas étonnant de vouloir concentrer les investissements publics, avant tout, sur les infrastructures d’acheminement de l’hydrogène. Pour le moment, les candidatures pour la désignation du gestionnaire, de ce futur réseau d’hydrogène, sont ouvertes, jusqu’au 30 novembre 2023. Les premières importations de molécules d’hydrogène devraient avoir lieu dès 2026.
Mais la Belgique ne se repose pas sur ses lauriers et travaille déjà, depuis 2021, à développer des partenariats pour tirer pleinement profit des différentes voies d’importations et de transit d’hydrogène qui couvriront deux aspects essentiels, le premier étant d’être moins dépendant d’un pays spécifique sur le plan de l’approvisionnement et ensuite de booster la circulation de l’hydrogène qui passera par notre pays.
Quelles sont ces voies ? Il y a, tout d’abord, la route de la mer du Nord. Celle-ci devient un point incontournable de production d’électricité verte en Europe, on pourra alors miser sur une production belge d’hydrogène renouvelable. N’oublions pas l’expertise que pourront apporter des entreprises belges comme John Cockerill, leader mondial de la production d’électrolyseurs pour l’hydrogène vert. Cet hydrogène pourrait être distribué ensuite, en Europe, grâce à des pipelines interconnectés à partir de 2030.
Une autre piste étudiée est celle de la « route du Sud » (péninsule ibérique et Afrique du Nord), dans ce cas, il s’agira d’importations par pipelines et ne sera possible que grâce au développement d’un réseau solide et étendu comme s’attelle à le faire l’EHB, d’ici là (2040) c’est la troisième option, la maritime, qui sera privilégiée pour ladite zone géographique. Cette même route est appelée à évoluer pour nous permettre d’être reliés à des zones difficilement accessibles par gazoduc comme le Moyen-Orient ou l’Amérique.
La Belgique pourra également compter sur le Belgian Hydrogen Council, organisation de promotion de nos idées et notre savoir-faire sur un plan international.
Toute cette activité nous permettra d’atteindre le but fixé : devenir le pivot central de ce transit européen et le facilitateur d’accès à l’hydrogène vert.