L’industriel wallon, leader mondial des électrolyseurs de grande capacité, développe une filière hydrogène 100% européenne pour décarboner l’industrie et la mobilité.
L’industriel wallon John Cockrill est aujourd’hui leader des électrolyseurs de grande capacité (+6 MW), avec 20% des parts du marché mondial en 2020.
Le groupe multiplie les “gigafactories” dans le monde et annonce désormais l’ambition de construire une filière hydrogène 100% européenne.
Une première implantation a été choisie en Alsace, où les premiers électrolyseurs 100% européens devraient sortir de production début 2023 pour atteindre progressivement une cadence menant à une capacité de production cumulée d’un Gigawatt.
Mais la guerre en Ukraine et la volonté européenne d’accélérer sa transition énergétique poussent l’industriel à créer une deuxième “gigafactory”, qui sera implantée en Belgique, révèle ainsi le journal L’Echo (12 mai 22).
Des négociations sont actuellement en cours pour choisir un site en Wallonie et ouvrir le capital à la SRIW.
Le projet en Alsace devrait créer 700 emplois. On imagine que le projet belge aura un impact socio-économique similaire.
D’ici 2025, un quart du chiffre d’affaires du groupe proviendra du secteur hydrogène.
Une étape décisive pour décarboner l’industrie et la mobilité
Rien qu’en considérant les hauts fourneaux, la production d’acier rejette chaque année 2,4 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Il en va de même pour la chaux, la pétrochimie, et bien d’autres industries encore. Quant au secteur du transport, il représente la deuxième source de gaz à effet de serre au monde.
Pour décarboner ces nombreux processus industriels ou moyens de transport (trains, camions, bus, bateaux, …), le défi consiste à remplacer les énergies fossiles par de l’hydrogène vert.
C’est ici que les électrolyseurs jouent un rôle majeur : l’électrolyse permet en effet de fabriquer de l’hydrogène vert à partir d’eau et d’électricité de sources renouvelables.
Voici quelques applications concrètes.
Décarboner l’industrie de la chaux
John Cockerill collabore actuellement avec Carmeuse et Engie sur un projet innovant de captage et d’utilisation du carbone (CCU) en Wallonie. Ce projet vise à réduire les émissions de carbone du processus de production de la chaux en transformant le CO2 qu’il génère en e-méthane (méthanation).
L’idée est de concentrer le CO2 provenant d’un nouveau type de four à chaux innovant puis de le combiner avec de l’hydrogène vert pour produire de l’ »e-méthane ». Ce gaz renouvelable pourra alors être injecté dans le réseau de gaz ou utilisé dans les transports ou dans l’industrie. L’hydrogène vert sera produit par une usine d’électrolyse de 75 MW alimentée par de l’électricité verte.
Ce projet est le plus grand de ce type au monde. Il ouvre de nouvelles voies pour une réduction significative des émissions de carbone en Europe et dans le monde (lire notre article Vers une production industrielle de e-méthane en Wallonie).
Décarboner la mobilité aéroportuaire
John Cockerill et Liege Airport développent actuellement le projet HaYrport ®, lequel prévoit de d’équiper l’aéroport d’installations de production, de distribution et d’utilisation d’hydrogène vert, à destination de véhicules lourds et légers.
Le processus sera pleinement « zéro émission » puisque l’électrolyseur qui produira l’hydrogène sera lui-même alimenté par de l’électricité verte produite en partie par des panneaux photovoltaïques installés à l’aéroport.
La capacité de production sera de 200 kg d’hydrogène par jour, de quoi approvisionner des véhicules de l’aéroport mais également des véhicules d’autres entreprises et institutions locales. Les installations devraient être pleinement opérationnelles à l’été 2023 (lire notre article Feu vert pour une production d’hydrogène vert à l’aéroport de Liège).
L’hydrogène comme combustible
Par ailleurs, au-delà des travaux spécifiquement orientés sur la production et la distribution d’hydrogène, les équipes d’ingénierie de John Cockerill préparent également l’adaptation des processus industriels à l’utilisation de l’hydrogène comme combustible. Pour rester dans la comparaison de l’acier, la technologie de production d’acier à base d’hydrogène diffère fortement de celle de l’acier produit à partir de fonte et de charbon.
Autre défi technologique pour améliorer l’attractivité de la filière : réduire non seulement le coût de production des électrolyseurs mais aussi, voire surtout, améliorer leur performance énergétique et donc leur consommation électrique. Derrière ses propres ressources, John Cockerill entraine ainsi dans son sillage tout un écosystème de start-ups et PME’s.