On connait tout le potentiel du photovoltaïque, et l'éolien n'est pas en reste. La géothermie en possède un tout aussi important et intéressant pour la décarbonation de l'énergie. Et c'est l'Agence Internationale de l'Énergie qui nous le dit.
Actuellement, la géothermie représente moins de 1% de la demande mondiale en énergie. Pourtant, grâce aux avancées technologiques et à une réduction des coûts, elle pourrait couvrir 15 % de la croissance de la demande mondiale d’électricité d’ici 2050, soit l’équivalent d’une capacité de 800 GW.
La géothermie offre une production continue d’électricité et de chaleur, avec un taux d’utilisation dépassant 75 % en 2023. Elle contribue également à équilibrer les réseaux électriques complémentant facilement les énergies renouvelables intermittentes. Celle de nouvelle génération pourrait couvrir 140 fois la demande mondiale d’électricité, se plaçant ainsi derrière le solaire.
Les forages atteignant des profondeurs de plus de 8 km permettent d’accéder à un potentiel de 600 TW avec une durée de vie de 25 ans. À des profondeurs de 3 km et des températures supérieures à 90 °C, 320 TW de potentiel pourraient alimenter des réseaux de chaleur actuels, décarbonant donc les systèmes de chauffage alimentés par des combustibles fossiles. Pour les besoins à plus basse température, le potentiel géothermique est jusqu’à dix fois plus élevé.
Malgré toutes les possibilités qu’offre la géothermie, celle-ci semble encore (trop) peu attrayante ou trop compliquée. Certains freins refroidissent les potentiels intéressés comme le temps nécessaire pour obtenir un permis, ce dernier pouvant prendre jusqu’à 10 ans pour un projet. Le manque ou l’absence de politiques de soutien pour son développement n’arrange pas les choses, selon l’AIE plus d’une centaine de pays ont des politiques mises en place pour le photovoltaïque et/ou l’éolien terrestre alors que moins d’une trentaine en ont mis en œuvre pour la géothermie, la reléguant donc souvent à l’arrière plan.
Pourtant, le secteur représente actuellement 145 000 emplois, un chiffre qui pourrait grimper jusqu’à 1 million d’ici 2030. Pour atteindre ce résultat, il faudra un soutien important à la formation et aux apprentissages pour palier au possible manque de compétences spécialisées qui représente un défi majeur dans le secteur. Mais les gouvernements et services publics sont prêts à investir dans la géothermie. A condition que soient réalisés des diminutions significatives des coûts pour celle de nouvelle génération, les investissements pourraient s’élever à un total de 1000 milliards de dollars, d’ici 2035.
Il ne faut pas oublier également la participation des entreprises pétrolières et gazières dans les investissements pour un projet géothermique car jusqu’à 80% de ces derniers impliquent des capacités et compétences communes à ces industries. Pour ces secteurs, il s’agit, évidemment, d’une opportunité économique étant donné la baisse prévue de la demande en gaz et pétrole. Mais au-delà de l’aspect financier, cette transition représente une véritable occasion pour ces entreprises de jouer un rôle clé dans la transition énergétique, en réorientant leurs savoir-faire vers des projets durables et innovants.
Et bien qu’il faille que les grands acteurs de l’énergie montrent aussi un intérêt pour le renouvelable afin de fédérer d’autres entreprises et industries, il faudra veiller à déployer la géothermie en symbiose avec les autres énergies renouvelables pour le bien de la planète et de ses citoyens. Il serait contre-productif que la géothermie soit utilisée comme source d’énergie pour soutenir, ailleurs, la production pétrolière, par exemple. L’enjeu étant de transformer cet élan en un pilier de la transition énergétique mondiale.
Le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie est disponible en intégralité sur ce lien.