Voici nos exemples chiffrés sur la rentabilité économique d'un partage d'électricité en Wallonie.
Cliquez sur un des trois exemples ci-dessous.
PAIR A PAIR
Bien que ce mode d’échange ne soit pas possible, pour le moment, en Wallonie, nous l’analysons à titre indicatif afin d’être équitable avec notre exemple à Bruxelles. Dans ce cas, reprenons ledit exemple mais retirons-y les réductions appliquées sur les frais de réseaux mais en y ajoutant les frais administratifs des fournisseurs. Le tout avec les tarifs en vigueurs en Wallonie (les frais de réseaux étant différents entre ces deux régions).
Production du 1er pair (producteur local) : 4 500 kWh/an
- Autoconsommation du 1er pair : 1 500kWh/an
- Injection : 3 000 kWh/an
- Part de l’injection partagée au 2ème pair : 750 kWh/an (25%)
- Part de l’injection résiduelle vendue au fournisseur : 2 150 kWh/an
Dans la plupart des cas, c’est le producteur qui détermine le coût de l’énergie partagée proposée au consommateur, en prenant compte des frais de réseaux et des frais obligatoires (accises et cotisation énergie) auxquels sera soumis le consommateur du partage. Pour rappel, les frais de réseaux seront facturés par le fournisseur du consommateur, mais la facturation de l’énergie et les frais obligatoires seront à charge du producteur local.
Si nous partons du principe que le producteur du partage proposera un prix équivalent à son tarif de rachat d’injection (6c€/kWh), et que le prix moyen de vente d’électricité d’un fournisseur en Wallonie est de 15c€/kWh hors frais régulés (octobre 2023), nous pouvons en déduire les économies suivantes.
Conclusion
Les frais administratifs des fournisseurs sont non négligeables dans le calcul des économies du consommateur, nous pouvons notamment voir que dans cette situation, un consommateur client chez Luminus, Dats 24, Mega, Octa + et Eneco pourrait ne pas tirer d’avantage économique au partage. Cependant, si les hypothèses de calcul venaient à changer (prix de vente du producteur plus faible, prix du marché qui s’envole, autoconsommation plus importante), les résultats pourraient devenir positifs pour le consommateur.
Du côté du producteur, ce dernier pourrait également être soumis à cette redevance supplémentaire pour sa participation à un partage d’énergie. Le montant de la redevance pourrait être compensé par un meilleur prix de son injection vendue localement. A noter que l’offre de certains fournisseurs pour le rachat de l’injection des producteurs wallons est à moins de 1c€/kWh, ces derniers mois. Si ce producteur et le consommateur s’entendent sur un prix autour de 6c€/kWh, les deux pairs seront donc gagnants en sécurisant le prix de l’énergie partagée.
Ensuite, il sera également important de choisir un consommateur et un producteur qui se complètent, un consommateur qui pourra adapter sa consommation en heure solaire (une petite PME, une école, une personne régulièrement en télétravail) au risque que le consommateur n’économise pas sur sa facture, et un prosumer qui injecte suffisamment d’électricité. Au plus l’échange de l’électricité sera important, à un prix attractif et stable, au plus les deux y gagneront.
Enfin, ce type de partage peut tout à fait intéresser certains types d’acteurs qui disposent d’une installation photovoltaïque sur un premier bâtiment (une piscine) et un second bâtiment ne pouvant pas recevoir d’installation (maison communale classée au patrimoine, toiture en mauvais état, ombrage,…). L’injection du premier bâtiment peut être envoyée vers le second, pour un coût réduit (la gratuité sur la commodité est possible).
Nous pouvons également imaginer que les intérêts des deux participants de ce partage ne soient pas purement économiques, mais plutôt de créer un projet environnemental et social. Si certains consommateurs choisissent aujourd’hui d’acheter l’électricité à des coopératives d’énergie, à des prix parfois pas compétitifs par rapport au marché, ils le font surtout pour participer à un projet commun et mettre leurs économies chez un acteur qui n’a pas d’ambition lucrative.
AU SEIN D’UN MÊME BÂTIMENT
Prenons l’exemple d’un partage au sein d’une copropriété, en Wallonie de 10 appartements qui a fait un investissement dans une installation photovoltaïque de 15 kWc, raccordée au compteur commun. Nous allons analyser si l’investissement, dans une installation commune, peut être rentabilisé grâce aux économies des communs et à la vente de l’injection, localement.
Coût de l’investissement : 19 000€ TTC (prix estimés en 2024)
(1) Production annuelle : 13 500 kWh/an.
(2) Autoconsommation du compteur commun : de 850 kWh/an, soit une économie de 300€/an (coût de l’électricité des communs = 0,35€/kWh).
(3) Le surplus non autoconsommé par le compteur sera en partie partagé vers les 10 appartements (5 000 kWh/an) à un prix de 0,06€/kWh.
(4) L’injection qui n’aura pas été partagée, dans le bâtiment (7 650 kWh), sera revendue à un fournisseur au prix de marché de l’injection (+/- 0,04€/kWh).
Composition du prix de l’électricité
Résumons alors l’ensemble des frais, des économies et des revenus que le partage procurera en fonction de 3 types de participants rencontrés dans une copropriété :
- le copropriétaire occupant : investisseur et bénéficiaire des économies d’énergie et des autres revenus (vente de l’électricité)
- le copropriétaire non-occupant : investisseur et bénéficiaire des autres revenus
- le locataire : bénéficiaire des économies d’énergie.
Les valeurs indiquées ci-dessous sont individualisées, c’est-à-dire, par appartement. Nous faisons l’hypothèse que les 10 copropriétaires participent à l’investissement et qu’ils investissent chacun 10 % de la somme. Ils recevront donc 10 % des revenus liés à la vente d’électricité.
Conclusion
Le locataire peut être impacté par la redevance du fournisseur. Il devra donc s’informer auprès de celui-ci pour connaître les conditions d’application. Avec les tarifs actuels, un prix local de 6c€/kWh permet de faire 75€ d’économie par an (sans redevance). Si une redevance moyenne de 75€ était appliquée, cela annulerait les gains procurés par le partage.
Le copropriétaire bailleur pourra retoucher les éventuels revenus issus de la vente annuelle d’électricité, en fonction du pourcentage de sa participation dans l’investissement. Cependant, vu les prix actuels sur le marché et le prix minimum pour procurer un intérêt au consommateur, il se pourrait que cet acteur ne soit pas suffisamment motivé pour investir dans l’installation. En effet, avec un prix de vente de 6c€/kWh par exemple, le temps de retour sur investissement avoisine les 30 ans.
Le copropriétaire occupant sera celui qui pourra prétendre à plus d’économie. Il cumulera les économies sur les charges communes, sur sa facture privative. Il pourra également participer au financement et donc retoucher les gains de la revente locale. Encore une fois, le prix de l’énergie revendue en interne, et l’application ou non d’une redevance par son fournisseur sernot décisifs pour que son investissement soit remboursé. Dans notre exemple, un temps de retour sur investissement est atteint en 15 ans.
Dans ces trois situations, la redevance des fournisseurs a un impact important. Il faudra donc veiller à ce que les potentiels participants s’informent auprès de leurs fournisseurs pour connaître l’éventuel montant appliqué. Pour rappel, tous les fournisseurs ne pratiquent pas ce type de redevance.
Le prix proposé au niveau de la copropriété pourra également être stable dans le temps, et ainsi devenir une protection pour les consommateurs, face à l’envolée des prix sur le marché de l’énergie. Le projet peut donc sembler ne pas être économiquement intéressant, avec les prix que l’on connait en octobre, mais en cas de crise, il permet de geler une partie de sa facture.
Autre point, quelques copropriétés défendent un projet où le prix de l’électricité ne sera pas forcément plus faible que celui des fournisseurs. Cela permettrait, selon elles, de maintenir les copropriétaires bailleurs dans le bateau des investissements, et trouver un système qui permettra, dans le futur, de créer un revenu pour la copropriété qui pourra être dédié à l’amélioration du bâtiment. On pourrait donc imaginer un calcul où le prix de l’énergie partagée serait de 15 c€/kWh, et non 6c€/kWh.
AU SEIN D’UNE COMMUNAUTE D’ENERGIE
En Wallonie, il sera possible pour une communauté d’énergie renouvelable (CER) de pratiquer plusieurs modèles de partage d’énergie. Nous avons choisi de vous présenter l’un des modèles les plus innovants, à savoir, la possibilité pour une CER de faire du tiers investissement avec l’un de ses membres.
La communauté peut proposer d’investir dans une installation renouvelable (photovoltaïque par exemple) qu’elle placerait sur le toit de l’un de ses membres (dans notre exemple, une école primaire). Celui-ci pourra jouir de l’autoconsommation gratuitement contre une redevance annuelle de location des panneaux à la communauté d’énergie. Ce même membre pourra également être propriétaire de l’injection et revendre l’injection d’électricité à la communauté, celle-ci pouvant en faire profiter ses autres membres consommateurs.
Voici un exemple de projet de tiers investissement d’une communauté d’énergie.
Une CER investit dans une installation de 20 kWc pour un montant de 25 000€. L’installation est placée sur le toit d’une école et raccordée au compteur de celle-ci. L’école est donc propriétaire de l’électricité produite.
L’installation produira 20 000 kWh/an,
- 10 000 kWh seront autoconsommés par l’école,
- 7000 kWh partagés vers les autres membres consommateurs,
- 3000 kWh revendus en surplus à un fournisseur.
L’école, ayant l’installation sur son compteur, sera le producteur du partage. Elle revendra l’injection à la communauté dont elle sera membre à un prix de 3c€/kWh durant 10 ans.
Un membre consommateur pourrait recevoir 500 kWh/an de sa communauté, à un prix de la commodité à 3c€ au lieu de 15c€ chez son fournisseur.
Nous résumons ci-dessous le bilan économique pour ces trois acteurs du partage.
Conclusion
Le membre qui reçoit l’installation photovoltaïque (l’école dans l’exemple) rembourse sa redevance annuelle grâce aux économies d’énergie liées à l’autoconsommation et à la revente de l’injection. La communauté peut proposer un contrat de rachat de l’injection à un prix garanti suffisant pour l’école afin de pouvoir rembourser sa redevance.
En Wallonie, des frais d’injection sont appliqués aux producteurs qui dépassent la puissance de 10 kVa onduleur. Nous avons donc intégré ces frais qui seraient à charge du producteur (l’école).
Le membre consommateur, peut investir dans un projet citoyen, réduisant ainsi sa propre facture d’énergie en bénéficiant de l’injection. Il devra veiller à ce que la redevance de son fournisseur ne soit pas pénalisante dans le cas où il souhaiterait participer au partage d’énergie.
La communauté d’énergie peut rembourser les membres qui auront cofinancé l’installation avec la redevance annuelle payée par l’école. Si une marge dans le contrat de tiers investissement est dégagée, celle-ci permettra de concrétiser plus facilement de futurs projets d’investissement, et ainsi rajouter des capacités de production renouvelable dans son partage.
A l’avenir, il faudra trouver d’autres sources de motivation que des raisons économiques pour attirer les membres dans une communauté d’énergie. Par exemple, mettre en avant que prendre part à un projet collectif citoyen permet de pouvoir participer directement à la transition énergétique de leur commune que cela soit au travers de conférences sur l’énergie et l’isolation, d’ateliers collectifs pour apprendre à isoler son habitation ou encore comprendre sa facture d’énergie. Il faut garder en tête que lorsqu’un citoyen décidera de s’impliquer dans une communauté d’énergie (asbl, coopérative, etc.), il le fera pour l’enjeu social et environnemental avant de rechercher un quelconque profit.