Selon un récent inventaire du SPF Finances et du SPF Environnement, l’État belge a octroyé plus de 12 milliards d’euros de subventions aux énergies fossiles en 2021.
D’ici 2030, l’UE veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% et compte sur le développement des énergies renouvelables. Pourtant, en Belgique, les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz fossile) continuent d’être gavées généreusement aux subventions.
L’inventaire fait notamment état d’aides indirectes s’élevant à 2,6 milliards. Bien que les aides aient été évaluées à 2,4% du PIB et marquent une diminution par rapport aux 2,8% de 2017, les montants absolus, eux, sont repartis à la hausse depuis 2020. Ces subsides se chiffraient alors à une somme de 11,378 milliards d’euros en 2020 contre les plus de 12 milliards en 2021.
Sous couvert de soutenir la compétitivité, plusieurs secteurs ont pu bénéficier de ces généreuses subventions comme le transport routier, aérien et maritime ainsi que le secteur de l’industrie. Des subventions accordées surtout sous forme de taux d’accises préférentiels.
Nous savons que parmi les secteurs qui devront être décarbonés en premier, il y a celui du transport. Depuis plusieurs années, les citoyens sont incités à choisir des modes de transports alternatifs moins polluants pendant que l’État verse une somme (estimée) de 594 millions d’euros pour l’exonération sur le kérosène.
Les cartes carburant comptent pour 667 millions d’euros contre 389 millions pour les tarifs sociaux accordés aux personnes en précarité énergétique. Les subventions pour les voitures de société s’élevaient à un peu moins de 2 milliards en 2017 pour atteindre 2,5 milliards en 2021.
La progression des subventions aux énergies fossiles est d’autant plus étonnante que les différentes entités belges se sont engagées à les diminuer dans le Pnec (le plan national énergie-climat) ainsi que lors de la COP28.
Des financements totalement incohérents avec les objectifs de neutralité climatique et de décarbonation de la société. Et ce ne sont pas les récentes conclusions du Bureau du Plan qui vont apaiser les choses. Ce dernier estime que, dans les secteurs non industriels, la Belgique n’atteindra pas son objectif d’une réduction de 47% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Rappelons que la Belgique se voit comme un futur leader pour le développement de l’hydrogène vert et comme innovateur de l’éolien offshore avec la première île énergétique au monde.
Comment prendre alors au sérieux les actions pour la transition énergétique de notre pays quand on connaît la facilité avec laquelle les énergies fossiles sont soutenues ?
Sensibiliser et fédérer les citoyens à la transition énergétique est primordial, tout comme prendre des décisions audacieuses pour arrêter le financement des énergies fossiles. Investir dans un avenir climatiquement neutre d’ici 2050 nécessite des actions concrètes et un engagement ferme dès aujourd’hui.