C’est une première en Belgique : 48 batteries usagées de véhicules électriques seront ré-utilisées comme capacité de stockage et d’équilibrage du réseau électrique. Ce principe d’économie circulaire soutiendra l’intégration des énergies renouvelables.
Les batteries qui équipent les véhicules électriques perdent en performance au fur et à mesure de leur utilisation, en particulier lorsqu’on les recharge en vitesse rapide. Les constructeurs automobiles estiment que, lorsqu’elles atteignent 2/3 de leur capacité, les batteries doivent être remplacées car elles n’assurent plus une autonomie optimum pour le véhicule électrique (mais un automobiliste qui effectue de petits déplacements pourrait s’en contenter).
Que faire dès lors de ces batteries usagées ? D’autant plus qu’elles seront de plus en plus nombreuses avec l’essor du marché des véhicules électriques en Europe.
C’est ici qu’intervient le principe essentiel de l’économie circulaire car ces batteries peuvent encore servir, pour d’autres finalités.
Le groupe Engie, acteur dominant du marché belge de l’énergie, et Umicore, acteur mondial dans la production et le recyclage de matériaux pour batteries rechargeables, ont ainsi mis en œuvre, pour la première fois en Belgique, une réutilisation de batteries sur le site industriel de Olen près de Anvers.
Dans leur « première vie », les 48 batteries Li-Ion, issues des véhicules électriques de la marque Renault Kangoo, disposaient d’une capacité de stockage de 22 kWh. Usagées, elles atteignent désormais entre 15 et 17 kWh, ce qui reste suffisant pour leur donner une « deuxième vie » durant au moins 10 ans.
Elles ont ainsi été placées dans des containers et interconnectées entre elles, afin de constituer une batterie de stockage de grande taille, d’une puissance de 1,2 MW et d’un volume de stockage de 720 kWh.
Lorsque la production d’électricité renouvelable est abondante – quand le soleille brille et/ou que le vent souffle -, cette grande batterie stockera les surplus puis les restituera au réseau électrique lorsque la demande est plus forte.
La batterie est donc d’ores et déjà intégrée à la réserve primaire de Elia – gestionnaire du réseau haute tension – et servira à l’équilibrage du réseau.
Elle présente le grand avantage de détecter automatiquement les variations de fréquences sur le réseau et de réagir en moins de 30 secondes. Elle s’avère donc très efficace et plus rapide que les autres solutions pour stabiliser le réseau en cas de panne inattendue d’une centrale au gaz ou nucléaire, par exemples.
Suivi des performances
Par ailleurs, le centre de recherche ENGIE Laborelec suivra pendant 10 ans les performances des batteries en « deuxième vie » et en analysera les résultats en collaboration avec Umicore. Ce faisant d’importantes nouvelles connaissances sur le cycle de vie des batteries Li-Ion pourront être engrangées.
Enfin, le système de batteries du site d’Umicore constitue une référence unique en matière d’économie circulaire. Non seulement Umicore produit des matières utilisées dans la fabrication des batteries rechargeables de véhicules électriques, mais elle les recycle aussi en fin de vie. Umicore a donc mis en place un circuit fermé unique dans lequel les matériaux recyclés sont réinjectés dans le processus de production.
Stocker beaucoup plus de renouvelables
A terme, on peut espérer une ré-utilisation systématique des batteries usagées de véhicules électriques afin multiplier les capacités de stockage, nécessaires à une plus grande intégration des énergies renouvelables et variables sur le réseau électrique.
La ré-utilisation de batteries usagées de véhicules électriques est expérimentée un peu partout dans le monde et s’avère particulièrement complémentaire aux centrales photovoltaïques au sol.
L’Allemagne utilise déjà près de 20.000 batteries usagées pour ce type d’installations photovoltaïques.