Les compteurs intelligents ne présentent actuellement aucuns avantages pour les ménages. Mais le développement possible de l’autoconsommation collective pourrait changer la donne. Cet outil offrirait alors un réel bénéfice pour les ménages et la collectivité.
Le développement et l’installation de compteurs intelligents chez les particuliers suscitent le débat dans plusieurs pays européens, notamment en France et en Belgique.
De quoi s’agit-il ? Ce compteur communiquant, installé à domicile, permet de transmettre les données de consommation d’électricité au gestionnaire de réseau de distribution (GRD), qui peut ainsi améliorer – notamment – sa gestion du réseau, l’intégration des productions d’énergies renouvelables, les économies structurelles d’énergie, la gestion de la fraude et des impayés.
Cette innovation technologique fait cependant face à une levée de boucliers. Selon des citoyens, associations, professionnels ou politiques, ces compteurs seraient intrusifs (Quelle garantie sur la protection de la vie privée ?), coûteux (Qui payera l’installation, le GRD ou le ménage ?) ou encore synonyme de perte d’emplois peu qualifiés (les préposés aux relevés de compteurs).
On pourrait répondre à chaque inquiétude : les données de consommations d’électricité révèlent très peu de choses sur la vie des occupants d’un logement (bien moins que Google ou Facebook), le coût d’installation n’est pas forcément pris en charge par le ménage, dans la mesure où le remplacement du compteur s’inscrit dans un schéma prévu, et les télé-relevés de compteurs que les ménages introduisent eux-mêmes en ligne ou par téléphone se substituent déjà au passage d’un employé du GRD.
Les compteurs intelligents ne sont donc peut-être pas des objets démoniaques, mais, fondamentalement, force est de constater que dans l’état actuel ils n’offrent aucuns avantages pour les ménages.
D’où une réticence quasi-généralisée et relativement légitime.
Un nouveau modèle énergétique
L’APERe (association belge pour la promotion des énergies renouvelables) déplore ainsi « l’absence de bénéfices immédiats et enviables pour les utilisateurs finaux. Ces derniers n’ont, à ce stade, aucuns avantages à changer leurs compteurs. »
Elle recadre le débat : « Le compteur intelligent est un simple outil, qui doit permettre l’ouverture de nouveaux modèles économiques, au bénéfice notamment des citoyens. »
Ces modèles doivent notamment permettre de valoriser l’énergie solaire entre tous les utilisateurs locaux (entreprises, citoyens, pouvoirs publics, …), dans une logique d’information, sensibilisation et solidarité.
L’autoconsommation collective change la donne
Or le modèle économique le plus mûr aujourd’hui est le modèle de l’autoconsommation collective. Il s’agit de rendre possible, par un cadre légal adapté, le raccordement de plusieurs consommateurs situés dans un même quartier à une même installation photovoltaïque locale.
On peut imaginer de nombreux cas de figure : un particulier qui équipe son toit et partage son surplus d’électricité solaire à ses voisins, une école qui alimente en électricité une bibliothèque et un magasin, une grande toiture qui alimente les entreprises d’un zoning, une église qui partage son électricité avec son voisinage … Bref, tout devient possible.
Lire notre article L’autoconsommation collective, un modèle rentable à développer en Belgique.
Les retours d’expérience en France et en Allemagne montrent que ce modèle change la donne et permet, entre autres, de :
- Equiper en photovoltaïque les toitures de logements collectifs, au bénéfice des locataires ;
- Rendre possible l’accès à l’énergie photovoltaïque aux allocataires sociaux ;
- Permettre une solidarité entre les personnes à capacités d’investissement et les autres ;
- Réduire la facture énergétique des ménages ;
- Informer les ménages et les conscientiser sur leur intérêt économique à consommer moins ;
- Faire émerger des « communautés énergétiques » – selon la nouvelle impulsion européenne -, qu’elles soient citoyennes, d’entreprises, d’écoles, de bâtiments publics ou un peu de tout cela ;
- Répartir plus équitablement le financement des réseaux – et des communes – entre tous les consommateurs d’électricité, qu’ils soient prosumers ou non.
- Mieux synchroniser les consommations et les productions d’électricité, sans systématiquement passer par une logique de batteries ;
Le compteur intelligent devient un atout
Or ce nouveau modèle économique nécessite, entre autres, des compteurs intelligents (communiquant). Les citoyens qui souhaitent y participer ont donc tout intérêt à s’équiper d’un tel outil afin d’en tirer les bénéfices économique, environnemental et sociale.
En offrant des perspectives positives qui permettent aux ménages de devenir, encore plus que maintenant, acteurs d’un modèle réellement bénéfique pour tous et pour notre environnement, le compteur communiquant deviendra un atout pour le citoyen.