Encore peu valorisée, la chaleur fatale serait pourtant une aubaine pour la transition énergétique en réduisant considérablement l’impact énergétique des industries.
Pour la faire courte, la chaleur fatale, c’est de la chaleur résiduelle produite pendant les processus industriels (usines, centrales thermiques ou électriques, …). Cette chaleur ainsi rejetée dans l’atmosphère est donc perdue alors qu’elle pourrait être utilisée bien autrement !
En effet, l’exploitation de cette chaleur perdue représente une occasion pour les industries de participer à la transition énergétique et d’agir pour l’environnement. Bien sûr, nous n’oublions pas qu’un changement de leurs modes de consommation et de production d’énergie devra aussi aller de pair.
Mais revenons à cette chaleur fatale. Celle-ci, si elle était récupérée, pourrait être réutilisée comme source de chaleur pour des habitations ou produire de l’électricité. Une nouvelle source d’énergie qui contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux productions supplémentaires d’électricité et de chaleur. Sans oublier l’impact positif que cela aurait sur les factures d’énergie étant donné la gestion plus efficace de cette dernière.
Quelques exemples des bénéfices de cette récupération existent chez nos voisins français mais la Belgique ne sera pas en reste.
La France
En France, la verrerie O-I Glass, s’étant donné pour objectif l’utilisation de 40% d’énergie renouvelable d’ici 2030, a mis en place, dans son usine à Veauche, un système de récupération de chaleur fatale. Ce dernier alimentera un réseau de distribution interne qui couvrira 94% des besoins en chauffage de l’usine. Mais ça n’est pas tout puisque dans une autre de ses usines, à Reims cette fois, elle fournit de l’énergie thermique à 1200 foyers et économise l’équivalent de 2630 tonnes de CO2 par an.
Dans le Port du Rhin, à Strasbourg, ce sont deux entreprises, Blue Paper et Trédi, qui ont apporté leur pierre à l’édifice avec une chaleur récupérée et injectée dans le réseau de la ville chauffant ainsi 30.000 logements.
Et en Belgique alors ?
A Charleroi, le projet Porte Ouest développe progressivement un réseau de chaleur 100% renouvelable. Toujours basé sur la récupération de la chaleur fatale, l’énergie thermique du pôle industriel carolo atteste d’un potentiel de, plus ou moins, 100 MW. Pouvant potentiellement alimenter entre 25.000 et 40.000 logements, il s’agira du plus grand réseau de chaleur en Wallonie.
Mais pourquoi ne pas aussi transformer cette chaleur perdue en électricité ? C’est à cette question que la start-up Thermo Power s’est donné pour mission de répondre. Générer de l’électricité grâce à une différence de température (thermoélectricité) est possible mais le processus était compliqué jusqu’à présent étant donné les matériaux rares et onéreux nécessaires. L’innovation, ici, vient de l’alliage des petits modules qui est composé de fer et d’aluminium. Ces deux métaux sont présents abondements dans la croûte terrestre, accessibles et largement recyclables, facilitant donc un déploiement à grande échelle.
Que ça soit pour chauffer ou produire de l’électricité, ces exemples démontrent bien que les industries peuvent prendre, elles aussi, une part active à la transition énergétique et que la chaleur perdue n’est plus une fatalité.