Différentes technologies utilisent des végétaux pour produire de l’électricité et/ou de la chaleur.
En quelques mots
La biomasse, ce sont toutes les matières d’origine animale ou végétale qui peuvent être utilisées pour produire des aliments, de l’énergie ou encore des matériaux. Il peut s’agir de bois, d’effluents d’élevage, de cultures ou encore de déchets organiques.
La biomasse n’est considérée comme une source d’énergie renouvelable que si elle se régénère dans les mêmes proportions qu’elle est utilisée. Il faut veiller à ce que la forêt, les surfaces agricoles ou les déchets organiques soient gérés de façon durable et responsable. Il s’agit par exemple de laisser le temps aux arbres de repousser dans une exploitation forestière, ce qui est le cas en Belgique.
Les bioénergies – bois-énergie, biométhanisation, cultures dédiées… – sont la principale source d’énergie renouvelable en Europe, devant l’éolien et le solaire. Leur importance est surtout liée à la production de chaleur dont on parle peu par rapport à l’électricité.
En Europe, les bioénergies comptent pour 61 % de l’énergie renouvelable. Ce chiffre s’élève à 73 % pour la Belgique et plus de 75 % pour la Wallonie.
En Wallonie, le bois participe grandement à ces résultats. Il est à l’origine de la moitié de l’énergie renouvelable produite.
Les bioénergies permettent de remplacer des combustibles fossiles (mazout, gaz) et sont donc incontournables dans la transition énergétique et les objectifs climatiques en Belgique et en Europe.
Définition de la technologie
La biomasse offre une solution pour produire de l’énergie renouvelable et des produits innovants. D’abord relativement simples, les techniques de valorisation de la biomasse ont considérablement évolué dans le temps. Avec des déchets d’origine végétale ou animale, on peut aujourd’hui fabriquer du biogaz, des biocarburants, des sacs en bioplastique, de l’isolant performant, des lubrifiants pour moteur, des textiles, des matériaux pour l’aéronautique, et bien d’autres produits encore.
Cette filière valorise donc de nombreux déchets organiques grâce à différents procédés, qui produiront de l’électricité, de la chaleur ou du carburant.
Citons par exemples les chaudières à pellets (granulés de bois), les unités de biométhanisation (décomposition de matières organiques en l’absence d’oxygène) pour produire du biogaz ou encore la technologie de cogénération qui permet de produire en même temps de la chaleur et de l’électricité.
Dette énergétique
La dette énergétique d’un objet représente l’énergie qu’il a fallu consommer pour le fabriquer et l’acheminer jusqu’à son lieu d’utilisation.
Dans le cas des systèmes renouvelables, cette dette intègre toutes les étapes : construction, assemblage, transport vers le site de production, recyclage des déchets en fin de vie, …
En Belgique, une chaudière ou centrale à pellets rembourse sa dette énergétique au cours ses premières années de fonctionnement, puis elle produira beaucoup d’énergie peu carbonée, même s’il faudra encore en consommer un peu pour fabriquer et transporter des pellets durant toute sa vie.
Durée de vie
Une chaudière à pellets est conçue pour fonctionner 20 ans, à condition de la faire régulièrement entretenir par un professionnel.
Production
Si votre logement est peu ou mal isolé (étiquette énergétique D, E, F ou G), vos besoins de chauffage seront conséquents.
Dès lors, vous aurez besoin d’une importante production de chaleur pendant de nombreux mois de l’année.
Stratégiquement, il sera logique de vous orienter vers des systèmes qui combinent, avec le même appareil, la production de chaleur et d’eau chaude.
Dans ces cas de figure, les solutions renouvelables intéressantes sont :
-Une chaudière à pellets connectée à un réseau de radiateurs et au boiler d’eau sanitaire. En complément, vous pouvez installer du solaire thermique ou photovoltaïque pour produire l’eau chaude (pendant les 3 à 4 mois où la chaudière est coupée).
-Un poêle à bois est possible aussi, permettant de garder sa chaudière coupée pendant l’été, mais c’est plus un agrément qu’une vraie économie (énergétique ou financière).
Si votre logement est mieux isolé (étiquette énergétique (A, B ou C), vous pouvez envisager des équipements distincts pour produire de la chaleur et de l’eau chaude sanitaire, notamment des systèmes photovoltaïques combiné à une pompe à chaleur.
Pour la chaleur, le pellet de bois sera conseillé pour des petites chaudières (< 8 kW) ou même des poêles connectés à quelques radiateurs ou un chauffage sol.
Nombre d’exploitations en Belgique
On estime à 46.750 le nombre de logements wallons chauffés principalement au bois et 397.000 logements utilisant le bois en chauffage d’appoint.
La Wallonie compte également 53 unités de biométhanisation et plusieurs centrales biomasse de grande puissance.
Economie d’émissions de CO2
On considère la biomasse comme neutre au niveau des émissions de carbone. En effet, les arbres et les végétaux absorbent du CO2 durant toute leur vie, ce qui est une bonne chose.
Mais lorsqu’on les coupe, les transforme en combustibles puis les brûle, ils libèrent tout ce CO2 dans l’atmosphère. Le bilan est-il pour autant neutre ? Il faut en effet considérer le CO2 émis lors de la coupe, du transport et de la transformation – par exemple en pellets.
Selon une analyse de l’Université de Liège, le bilan complet carbone de pellets locaux et durables est généralement 10 fois inférieur à celui du gaz naturel et du mazout.
Par ailleurs, il faut prendre en compte d’autres émissions (oxydes de soufre et d’azote, monoxyde de carbone, particules et poussières), qui jouent également un rôle – direct ou indirect – sur la qualité de l’air et/ou l’effet de serre.
Dans ce domaine, la biomasse est donc moins performante que l’éolien ou le photovoltaïque – qui produisent une électricité 100% propre – mais cette ressource vient souvent remplacer des combustions fossiles très polluantes (chaudière au gaz ou au mazout) : le bilan de la biomasse est dès lors beaucoup mieux qu’une pollution fossile.
Intermittence
La biomasse est considérée comme une énergie renouvelable de stock. Les technologies utilisent des combustibles (fabriqués et stockés) et assurent une production constante d’électricité et de chaleur.
Elle n’est donc pas tributaire de la météo, contrairement à l’éolien et le photovoltaïque qui produisent de manière intermittente – quand il y a du vent et du soleil.
Maintenance
Une chaudière à pellets doit être entretenue par un professionnel, au moins une fois par an, qui doit vous remettre une attestation d’entretien.
L’entretien peut être réalisé juste après un ramonage de votre cheminée lors d’une intervention combinée ou lors d’une intervention spécifique. Eviter de le faire réaliser juste avant le ramonage, car lors du ramonage, des débris et poussières peuvent retomber dans votre chaudière.
Impacts environnemental et social
La biomasse est considérée comme neutre en matière d’émissions de CO2 (voir plus haut) et permet de remplacer des consommations d’énergies fossiles (mazout, gaz) très polluantes.
Cette filière a donc un rôle très positif pour le climat.
Cependant, la combustion de biomasse, comme toute combustion, émet divers polluants atmosphériques, issus majoritairement des appareils non performants (foyers fermés et poêles anciens ou foyers ouverts). S’équiper de technologies modernes et performantes permet de réduire nettement ces émissions atmosphériques.
Par ailleurs, les installations de plus forte puissance (chaudières biomasse collectives et industrielles, chauffage urbain) sont beaucoup moins émettrices de polluants grâce à des conditions de combustion plus favorables, et la mise en place de traitements secondaires. Elles sont par ailleurs soumises à des valeurs limites d’émissions réglementaires strictes.
Au niveau des exploitations agricoles, les unités de biométhanisation permettent de produire de l’énergie mais aussi du fertilisant pour les champs. Or ce digestat permet de remplacer soit des engrais chimiques (très émetteur de CO2) soit un épandage direct des effluents (très émetteur de méthane, un gaz à effet de serre très puissant). Le bilan est donc ici aussi très positif.
Les associations environnementales déconseillent le développement de centrales biomasse de grande puissance pour la seule production d’électricité, car elles sont considérées comme non durables. Les installations de plus petites puissances pour la production de chaleur (ou de chaleur et électricité via une cogénération) à partir de ressources biomasse locales, s’avèrent plus performantes.
Investissement individuel
Le prix d’une chaudière à granulés standard varie de 8 000€ à 12 000€, avec production d’eau chaude sanitaire, installation non comprise. En revanche, le tarif d’une chaudière à granulés à condensation est compris entre 12 000€ et 15 000€. Un silo, souvent nécessaire, coûte de 800€ à 2 600€.
Le bois (pellets, plaquettes, …) constitue le combustible le moins cher pour les ménages par rapport aux autres énergies (mazout, gaz, électricité, …).
Investissement collectif
En Wallonie, des coopératives citoyennes investissent dans des projets biomasse.
Voici deux exemples.
Sous l’impulsion d’un agriculteur du village ardennais de Malempré (Manhay), une société coopérative citoyenne est née et exploite une chaufferie biomasse collective. Ses objectifs sont de développer localement et durablement la filière bois énergie, de garantir aux villageois la stabilité de leurs coûts énergétiques et d’approvisionnement, tout en permettant aux agriculteurs une possibilité de diversification.
La coopérative COOPEOS propose aux écoles, communes ou entreprises une solution innovante pour chauffer les bâtiments à partir de déchets verts, avec un financement citoyen et une sensibilisation à l’énergie durable.