Ce 15 février, les locataires, collaborateurs et partenaires du Foyer du Sud célébraient un an de partage d’électricité solaire en présence du ministre de l’Energie bruxellois, Alain Maron, et de la secrétaire d’Etat au Logement, Nawal Ben Hamou. L’occasion pour les porteurs du projet de présenter le bilan chiffré et les retours d’expériences du premier partage d’énergie solaire dans un logement social bruxellois.
Un projet soutenu par tous les acteurs-clés
Le projet est né à l’initiative de l’Échevin de l’Énergie de la Commune de Saint-Gilles, Jos Reymenants et est le fruit de la collaboration entre Foyer du Sud, Energie Commune et City Mine(d), avec le soutien de Bruxelles-Environnement.
« Le projet SunSud démontre que le secteur du logement social ne se limite pas à proposer des logements dont le loyer est adapté aux revenus des locataires, mais qu’il lance aussi des projets innovants avec la participation active de ses locataires ! Mon souhait est que cette première expérience réussie puisse non seulement inciter d’autres locataires à rejoindre cette communauté d’énergie, mais aussi inspirer d’autres SISP à développer des projets similaires qui pourraient profiter aux locataires sociaux – et pourquoi pas – aux riverains du quartier » précise la secrétaire d’Etat au Logement Nawal Ben Hamou.
Au travers d’une approche unique, ce projet a en effet pu réconcilier les enjeux sociétaux et écologiques, soit la démocratisation d’une énergie verte et locale au sein d’un immeuble de logements sociaux. Car dans une situation d’instabilité des prix de l’électricité comme nous connaissons actuellement, le modèle du partage d’énergie solaire a permis de proposer un prix stable dans le temps et – dans ce cas précis – moins cher que le tarif social. Par ailleurs, des résultats enthousiasmants ont pu être atteints grâce à la solidarité du comité, composé des locataires, bien décidés à prendre en main leur facture d’énergie.
Dans l’espoir de maximiser les effets, SunSud s’est mis comme défi de construire le projet avec les locataires, c.à.d. les personnes concernées, « expertes » de leur situation énergétique, et non de le penser pour eux, ou à leur place.
Les différents services du Foyer du Sud, ainsi qu’un noyau d’habitants formé le long des ateliers et réunions organisés par City Mine(d) (2020-2021), appuyés par les ingénieurs et juristes d’Energie Commune, ont défini le pourquoi et comment du partage d’énergie qui a débuté en janvier 2022.
Pour la mise en œuvre, le développement et l’évaluation du projet, une structure de gestion spécifique s’est mise en place afin d’ancrer le rôle central des habitants et structurer de façon solide le lien de collaboration entre le propriétaire/producteur et le locataire/usager de l’électricité solaire.
Quelques citations d’habitant.e.s l’illustrent :
Et ça marche !
Les chiffres qui parlent d’eux-mêmes : la production totale de l’installation solaire est estimée à 36 000 kWh/an et près de 26 000 kWh étaient disponibles pour faire du partage d’énergie. Sur ce surplus d’injection, 3.600 kWh ont également été partagés vers 4 compteurs pour alimenter les communs.
Répartition du partage d’énergie solaire avec l’équivalent en arbres
Les 20 appartements participants et 2 compteurs de locaux loués ont pu bénéficier des 14.400 kWh restants. En moyenne, chaque appartement a pu recevoir 650 kWh d’électricité solaire. Ce qui représente 20-25% de leur consommation d’électricité totale, soit des chiffres proches de ceux des propriétaires de panneaux solaires.
Moyenne annuelle d’économie individuelle sur la facture d’électricité
Avec un tarif régulé réduit et un prix de l’énergie très faible proposé par Foyer du Sud, les consommateurs ont perçu une réduction de 15% en moyenne sur leur facture individuelle annuelle. Une économie d’échelle variant entre 23€ et 310€ qui s’explique par le fait que certains participants ont consommé plus d’électricité solaire au moment où elle était produite.
Enfin, Sibelga a enregistré près de 8.000 kWh qui n’ont pas été partagés. Le projet pourrait donc accueillir de nouveaux participants.
Les principaux avantages sont multiples
Ce projet comporte trois grands types d’avantages qui ont motivé l’implication du Foyer du Sud qui voit une réelle plus-value non seulement pour ses locataires mais également pour s’inscrire dans le plan climat.
Avantages environnementaux
La possibilité de partager le surplus de production avec les locataires a été notre motivation pour investir dans une installation solaire. Par ailleurs, la perspective de partager ce surplus nous a également poussés à installer le plus grand nombre possible de panneaux sur le toit de l’immeuble, plutôt que de se limiter à quelques panneaux qui auraient uniquement alimenté les deux compteurs communs raccordés à l’installation. Autrement dit, ce projet a pour effet d’augmenter la production d’énergie renouvelable et de diminuer ainsi les émissions de gaz à effets de serre de la Région bruxelloise.
Avantages sociaux
Ce type de projet, grâce à sa dimension collective, contribue à la cohésion sociale au sein de l’immeuble. De plus, il suscite la curiosité des habitants et leur permet d’acquérir une meilleure connaissance des énergies renouvelables et de leur utilisation. L’inclusion d’un groupe d’habitants, dès la conception du projet, inspire confiance et motive les autres voisins à y participer. Ceci augmente le nombre de bénéficiaires ayant accès aux énergies renouvelables.
Avantages économiques
Grâce à l’offre d’une électricité moins chère et à un prix stable, le projet permet de contribuer à la lutte contre la précarité énergétique. Premièrement, il bénéficie à l’ensemble des locataires grâce à une diminution des charges pour les parties communes de l’immeuble, partiellement alimentées par l’électricité produite sur le toit. Ensuite, le surplus d’électricité vendu aux locataires qui ont signé un contrat l’est à un tarif beaucoup plus bas (environ 10 centimes/kWh TTC) que celui proposé par les fournisseurs. L’autre avantage économique de ce projet est d’offrir aux locataires une stabilité des prix sur le long terme. En effet, le prix de l’électricité produite par les panneaux solaires ne dépend pas de la conjoncture internationale, contrairement à l’électricité achetée par les fournisseurs. Le Foyer a pris la décision de ne réaliser aucun bénéfice pour ce projet.
Un projet qui en appellera d’autres
Fort de l’expérience SunSud, le Foyer du Sud a pour projet de répliquer la démarche sur d’autres sites. Et ce n’est pas le ministre de l’énergie bruxellois Alain Maron qui les contredira : « La crise énergétique le montre à nouveau, il est urgent de trouver des solutions innovantes et collectives pour limiter notre facture tout en limitant notre dépendance aux énergies fossiles. Le projet Sunsud est un très bon exemple de ce que nous voulons pour Bruxelles : une énergie partagée, moins chère et verte. Je suis également très impressionné par les nouveaux liens que cela tisse entre les locataires. Je plaide vraiment pour que ces projets se multiplient partout à Bruxelles et plus particulièrement dans les logements sociaux régionaux ! » explique Alain Maron, ministre de l’énergie bruxellois.
