En vue d’atteindre les objectifs énergie climat de la Région bruxelloise, il est essentiel de développer des solutions pour décarboner la production de chaleur qui représente 50% de la consommation énergétique du territoire.
Produire de la chaleur à partir d’une source renouvelable locale, voilà l’enjeu de demain pour Bruxelles qui souhaite augmenter sa résilience face au marché de l’énergie.
La rénovation massive des bâtiments (programme Renolution) est certainement une première piste pour atteindre l’objectif de -47% de CO2 d’ici 2030. Toutefois, le recours à une pompe à chaleur ne sera pertinent que pour des niveaux d’isolation très élevés pour que cette solution soit économiquement et écologiquement intéressante.
Mais alors, quelle est l’alternative au chauffage traditionnel au gaz ou au mazout ?
En Europe, les pays scandinaves sont sur le podium des réseaux de chaleur : 50% des besoins en chauffage sont issus de réseaux de chaleur, majoritairement alimentés par des énergies fossiles (70%) au Danemark et en Finlande.
En Belgique, malgré un réel potentiel (lire notre article Les réseaux de chaleur, ce grand potentiel renouvelable – Renouvelle) à peine 0,5% des besoins en chaleur sont issus de réseaux de chaleur.
En quoi consiste un réseau de chaleur ?
Un réseau de chaleur permet d’alimenter un ensemble de bâtiments à partir d’un unique système de chauffage. Ce système produira de l’eau chaude qui sera acheminée, via des conduites très bien isolées vers ces différents bâtiments. Ensuite, un échangeur de chaleur permet de transférer les calories de ce premier circuit vers un circuit de chauffage secondaire, qui alimente les radiateurs.
Les réseaux de chauffages urbains offrent un grand potentiel pour valoriser des sources d’énergie renouvelable actuellement sous-exploitées : ces chaudières collectives peuvent en effet être alimentées par la biomasse (bois, pellets, plaquettes), le biogaz, la géothermie (eau naturellement chaude présente sous terre) ou la chaleur fatale c-à-d la chaleur perdue au cours d’un processus industriel et qui pourrait être ainsi récupérée.
Intérêt économique ?
Mutualiser les coûts d’installations de chauffage, d’entretien des chaufferies et auxiliaires, ou encore d’achat de combustible, permet de réaliser certaines économies.
En outre, un réseau de chaleur urbain bien dimensionné, alimenté par une source durable, locale et renouvelable, permet la production de chaleur peu chère par rapport à des systèmes traditionnels décentralisés fonctionnant aux énergies fossiles.
De plus, le réseau de chaleur sera d’autant plus efficace que la densité des bâtiments desservis est élevée. En effet, une concentration importante de bâtiments par mètre de réseau permet de réduire le coût des conduites, ce qui réduit les pertes de chaleur sur le réseau (1°C perdu par km de conduite).
Toutefois, plus les bâtiments seront performants sur le plan énergétique, plus leurs besoins de chaleur sur l’année seront faibles et plus courte sera la période de chauffe et donc de fonctionnement de la chaudière collective (avec des périodes de fonctionnement très ponctuelles pour l’eau chaude sanitaire). Or, pour être rentable, le réseau a besoin de vendre une certaine quantité de chaleur annuellement et de manière constante, ce qui ne sera pas possible dans un nouveau quartier résidentiel avec des bâtiments dispersé et isolés.
A Bruxelles, la densité de bâtiments – généralement encore peu efficaces – se prête parfaitement à l’utilisation d’un réseau de chaleur (figure en bas à droite de l’image ci-dessous), tandis que le recours à une pompe à chaleur, alimentée partiellement en électricité renouvelable, sera plus favorable pour de nouveaux quartiers très performants.
La difficulté de développer des réseaux de chaleur à Bruxelles provient plutôt des travaux de voirie et de coordination entre les différents services d’impétrants (eau, électricité, égouts, …) nécessaires pour intégrer un tel réseau et dont le prix augmente proportionnellement avec la profondeur et le nombre de changements de direction pour éviter des obstacles.