Les communes et leurs élus sont en première ligne pour gérer les impacts du changement climatique. Pour y répondre, elles ont tout intérêt à s’appuyer sur une dynamisation et une implication grandissante de l’initiative citoyenne collective, associative et de l’économie sociale.
Les communes sont en première ligne dans la gestion des impacts sanitaires, économiques et sociaux du changement climatique, et de la destruction de la biodiversité et des sols. Nous le constatons aujourd’hui avec la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 et avec les inondations de l’été 2021. Et demain, d’autres défis seront à relever.
De plus, certaines matières premières vont devenir plus rares, dont les combustibles fossiles, ce qui nous emmène inévitablement vers plus de sobriété et crée un mouvement structurel de retour au local qui pourrait très rapidement s’accélérer.
La charge des communes et les responsabilités de leurs élus ne cesse donc de croître sans que des moyens humains et financiers suffisants y soient alloués. Les bourgmestres et échevins ainsi que les services communaux et sociaux sont submergés par la gestion des urgences et la détresse sociale. Or ils devraient pouvoir planifier la résilience de leur territoire, c-à-d sa capacité à absorber des chocs et changements brutaux de l’environnement naturel et construit. Ils devraient également pouvoir anticiper d’éventuelles ruptures soudaines de normalité dans les conditions environnementales, les services ou les chaînes d’approvisionnement, par exemple.
Beaucoup d’élus et agents communaux sont à bout, pris en étau entre une charge administrative de plus en plus lourde et des attentes de plus en plus importantes (et exprimées avec une agressivité croissante) d’une population qui se précarise. Au point que beaucoup d’entre-eux s’épuisent, démissionnent ou annoncent ne pas vouloir se représenter aux élections.
Alors que faire ?
Renforcer les moyens humains et financier des communes et des CPAS, nécessairement ! C’est ce que la Wallonie s’efforce de faire à travers différents programmes et appels à projets tels que POLLEC.
Il s’agit de travailler au niveau de bassins de vie dépassant parfois les limites d’une commune, forcément. C’est ce que font les conférences d’élus, les Groupes d’Action Locale, certains centre culturels, etc.
Mais face à l’ampleur de la tâche et à la complexité des enjeux, il est fort probable que ces moyens ne soient jamais suffisants si on ne réussit pas à replacer les citoyens au centre de la gestion de leur territoire.
Il ne s’agit pas de consulter les citoyens pour leur demander ce que la commune peut faire pour eux, mais de leur demander ce qu’ils veulent faire de manière collective et solidaire pour améliorer leurs conditions de vie, et de les soutenir dans la concrétisation de cette action.
A travers des assemblées citoyennes, des partenariats public-privé-citoyen, des budgets participatifs, et des mises à disposition de bien communaux, les élus décident de confier à leurs citoyens, rassemblés en comités de quartier, en association ou en coopérative, la planification et la mise en œuvre avec des moyens publics et privés des réponses locales à certains enjeux tels que la sécurité alimentaire et l’approvisionnement énergétique.
De nombreux exemples
De nombreux exemples allant dans ce sens existent déjà.
Parmi eux, citons l’initiative citoyenne de la Ceinture Energétique Namuroise, soutenue par la Ville de Namur à travers un budget participatif. Son objectifs ? Mener un G100 locale de l’énergie visant à planifier la production d’énergie renouvelable locale (lire notre article Les citoyens s’impliquent dans la transition énergétique).
Des projets de tiers-investissement citoyen photovoltaïque se développent également, notamment à Courcelles (lire notre article La commune de Courcelles s’équipe en photovoltaïque).
Des communes participent à des sociétés d’exploitation d’éoliennes comme Fernelmont (lire cette fiche bonnes pratiques).
De nombreux budgets participatifs permettent de soutenir des projets d’intérêt général soumis PAR et POUR les citoyens, comme à Assesse, Andenne et Woluwe-st-Lambert.
Par ailleurs, des communes – comme Amel et Bullange – s’associent pour développer des parcs éoliens communs, en partenariat avec des coopératives citoyennes (lire notre article En Wallonie, un projet éolien participatif inédit).
Enfin, des communes, telles que Saint-Leger en Gaume, souhaitent attirer sur leur territoire des producteurs de légumes et développer les circuits courts. Elles mettent dès lors à disposition, gratuitement, des champs communaux en friche pour y créer du maraîchage. Une manière de contrer la hausse des prix des terres agricoles.
Un tissu associatif foisonnant
Ce changement de posture politique locale ouvre la voie à une réelle démocratie à une échelle humaine, où chaque individu peut ressentir qu’il a prise sur sa réalité s’il agit au sein d’un collectif.
Cette participation citoyenne constitue également un maillon indispensable pour raviver les solidarités et renforcer la cohésion sociale dont nous avons tellement besoin.
La Wallonie dispose d’une force inestimable car elle recèle un tissu associatif et un secteur de l’économie sociale foisonnants sur lesquels cette transformation systémique peut s’appuyer. Et de nombreux outils juridiques et financiers existent pour la concrétiser, tandis que d’autres doivent encore être inventés ou amendés.
L’ampleur du changement sociétal que cela implique peut donner le vertige. Mais maintenant que le sol se dérobe sous nos pieds et qu’une mobilisation générale est plus urgente que jamais, cette force apparaît comme un point d’appui vital.