Cette technologie renouvelable devrait permettre de remplacer le mazout et le gaz de chauffage. Mais de nombreuses contraintes freinent son développement. L'arrivée d'un tarif capacitaire pourrait cependant booster le marché belge.
La chaleur représente la moitié de l’énergie consommée en Europe, et elle est encore principalement d’origine fossile.
Or remplacer les chaudières à mazout et au gaz par des solutions renouvelables reste aujourd’hui encore un véritable défi.
Certes, les chaudières biomasse et les pompes à chaleurs (PAC) se développent peu à peu, mais nous sommes encore très loin de décarboner le secteur du chauffage.
A titre d’exemple, un ménage wallon qui compare les technologies disponibles pourra se retrouver avec un devis d’environ 16.000€ TVAC pour une chaudière biomasse, alors qu’une chaudière au gaz coûtera à peine 3.500€ TVAC.
Et les économies générées par un combustible moins cher (pellets, plaquettes) sont parfois faibles pour amortir le surcoût de l’installation.
Quant aux pompes à chaleur, elles demandent que le bâtiment soit (très) bien isolé – ce qui n’est pas le cas des ¾ des logements en Wallonie -, ajoutant des travaux conséquents pour que la PAC soit efficace, faute de quoi elle consommera beaucoup d’électricité, ce qui rendra la facture très salée comparée au prix actuel du mazout.
Bref, dans le contexte actuel, un ménage qui souhaite se chauffer sans polluer aura bien du mal à trouver des conseils pertinents et trouvera souvent les solutions renouvelables soit cher à l’achat (biomasse) ou bien cher à l’utilisation (pompe à chaleur).
Pour faciliter les choix durables et rentables, nous donnions récemment des conseils aux candidats bâtisseurs/rénovateurs (lire notre article Quelle technologie renouvelable pour chauffer mon logement ?).
Interdire le mazout et écarter le gaz
En Belgique, 35% des logements en moyenne sont encore chauffés au mazout – énergie la plus polluante -, mais avec de grandes disparités entre les Régions : 16% en Flandre et à Bruxelles, contre 50% en Wallonie.
En Flandre, installer une chaudière au mazout sera interdit à partir de 2022, tandis que Bruxelles bannira cette énergie d’ici 2025. Mais la Wallonie ne l’envisage pas avant …2035.
Le gaz se présente aujourd’hui comme la principale alternative, à tort. En effet, le gaz naturel est une source d’énergie peu coûteuse uniquement parce qu’il bénéficie de subventions et d’un système fiscal avantageux. Ces conditions de concurrence déloyale nuisent grandement au développement des énergies renouvelables.
Et dans les faits, les coûts de la chaleur de sources renouvelables commencent à être compétitifs par rapport aux chaudières à combustibles fossiles (lire notre article Non, le gaz n’est pas nécessaire pour le chauffage des bâtiments).
Booster les pompes à chaleur
Dans un communiqué, l’association pour les techniques thermiques (ATTB) salue deux initiatives qui pourraient booster le marché des pompes à chaleur en Belgique : l’introduction d’un tarif capacitaire (prévu en juillet 2022 en Flandre) et le développement actuel des compteurs numériques.
Avec un tarif capacitaire, votre facture ne sera plus uniquement calculée sur la base de la quantité d’électricité que vous prélevez du réseau (kWh), mais aussisur la base des pics que vous provoquez (kW). Les ménages qui provoquent des pics élevés – néfastes pour la gestion du réseau – payeront plus que ceux qui répartissent leur consommation. A l’avenir, plusieurs périodes tarifaires seront mises en place avec des tarifs incitatifs ou dissuasifs, afin d’encourager les consommateurs à déplacer leurs consommations et ainsi limiter les pics de demande sur le réseau.
Laa pompe à chaleur, grâce à une puissance naturellement basse (maison bien isolée) et une programmation horaire possible, permettra de choisir les tarifs incitatifs et ainsi réduire la facture du ménage.
Ce nouveau contexte favorisera certainement le développement du marché belge de la pompe à chaleur.
Le consommateur évitera les pics de consommation et répartira sa consommation de manière plus homogène, réduisant ainsi la charge sur le réseau électrique.
Par ailleurs, l’ATTB plaide pour un “tax shift” : taxer plus les carburants fossiles et moins l’électricité, pour rendre l’utilisation de cette dernière plus attirante.
Cet allègement fiscal rendrait les pompes à chaleur d’autant plus rentables.
Or le gouvernement fédéral planche effectivement sur un tel tax shift, d’autant plus que les prix de l’énergie sont actuellement en forte hausse.