Premiers projets pilotes d’autoconsommation collective à Bruxelles

Deux écoles équipées en photovoltaïque, à Forest et Ganshoren, vendront leurs surplus d’électricité solaire à des voisins, à un tarif avantageux. La Région bruxelloise souhaite en faire un modèle pour lutter contre la précarité énergétique.

 

Il se prépare actuellement deux projets pilotes d’autoconsommation collective en Région Bruxelloise, sur deux écoles : Saint-Augustin à Forest et Nos bambins à Ganshoren (photo ci-dessus).

Le premier projet est développé par Sun for School, le second par l’APERe, en collaboration avec Sibelga.

Ces deux écoles, déjà équipées en panneaux photovoltaïques, pourront, à terme, vendre leur surplus d’électricité à des ménages qui habitent le quartier (raccordés au même poste basse-tension) et qui participeront aux deux communautés d’énergies renouvelables locales.

De manière générale, les écoles sont des bâtiments particulièrement intéressants pour développer une autoconsommation collective. En effet, lorsque l’école est fermée et ne peut donc pas consommer son électricité solaire, la production photovoltaïque peut être partagée à des voisins : les mercredi après-midi, les week-ends, durant les vacances scolaires (en juillet-août notamment, lorsque la production solaire est élevée), …  

Ces périodes représentent 64% de la production photovoltaïque à Forest et 83% à Ganshoren. La production, au lieu d’être aveuglément injectée dans le réseau, pourra donc être vendue, à un tarif avantageux, aux voisins participants, favorisant ainsi une consommation locale d’électricité solaire.

 

Sibelga, dans un rôle de facilitateur

 

Sibelga, qui joue ici son rôle de gestionnaire de distribution, a organisé, en partenariat avec les porteurs des projets, des séances d’information pour les voisins des écoles, à l’issue desquelles 25 consommateurs ont marqué leur intérêt.

Equipés de compteurs intelligents, les ménages participants bénéficieront du surplus d’électricité solaire en fonction de clés de répartition qui devront être définies.

« Nous aurons les informations des index pour chaque quart d’heure afin de calculer la part du surplus que chacun consomme. Ceci, afin d’implémenter la clé de répartition entre les différents membres de la communauté », explique Daphné Benzennou, Experte de la transition énergétique chez Sibelga.  

Chaque ménage recevra donc deux factures : celle de son fournisseur « classique » d’énergie et celle de la communauté renouvelable.

 

Encourager la solidarité sociale

Le principe d’autoconsommation collective rend les énergies renouvelables accessibles à tous.

Le Ministre bruxellois de l’Énergie Alain Maron souligne ainsi que « les communautés d’énergie forment un maillon de la transition écologique et solidaire voulue par le Gouvernement. Ces projets innovants et créatifs permettent de tirer le meilleur parti des énergies renouvelables et de réduire la précarité énergétique. Un ménage bruxellois, qui a son toit à l’ombre ou qui n’a pas les moyens de l’équiper, pourra ainsi quand même bénéficier de l’électricité solaire, écologiquement et financièrement plus avantageuse. »

De son côté, Alexandre Pirson, responsable de Sun for Schools, souligne que « la symbolique du principe d’autoconsommation collective est très belle. Le premier projet à Bruxelles se fera avec un établissement scolaire. En plus de mutualiser le surplus d’énergie renouvelable, ce projet contribuera à améliorer le lien social et la convivialité dans l’ensemble du quartier. Après avoir sensibilisé les élèves et rassemblé la communauté scolaire autour des énergies renouvelables via le projet Sun for Schools, on va un pas plus loin avec l’autoconsommation collective en connectant l’école avec la communauté qui l’entoure ! ». 

L’APERe estime pour sa part que « le projet de l’école Nos Bambins est l’occasion de démontrer la solidarité possible entre les personnes capables de placer des panneaux solaires, car elles sont propriétaires et ont les finances suffisantes, et d’autres. Chacun bénéficiant de la complémentarité de l’autre. Plus que symbolique, l’enjeu est sociétal : l’énergie renouvelable est physiquement proche des citoyens, il devient naturel de les placer au centre de l’action. ». 

Ce modèle pourrait par exemple intégrer des logements sociaux, permettant aux occupants de bénéficier d’une facture d’électricité réduite.

 

Démarrage début 2020

 

Concrètement, les deux projets pilotes attendent aujourd’hui l’autorisation de Brugel – régulateur du marché bruxellois de l’énergie – pour pouvoir démarrer, a priori début 2020.

Ils se dérouleront sur une période de 2 ans, renouvelable pour 2 années supplémentaires.

Ces expériences innovantes permettront de tester l’autoconsommation sur le terrain et d’inspirer les autorités pour fixer un futur cadre légal – principes juridiques, contractuels, techniques… – applicable et favorable à une diversité de cas.

Dans son plan stratégique, Sibelga envisage que les 118 quartiers bruxellois deviennent quasi autonomes en production et consommation d’énergies renouvelables d’ici 2050.

Des expériences pilotes sont également en cours en Wallonie, où un cadre légal a déjà été adopté. Lire à ce propos nos articles :