Suite à une réforme du mécanisme, on assiste à une nouvelle tendance : ces dernières années, le prix du carbone est d’abord passé de 5 à 20€ la tonne où il a stagné jusqu’en 2021 avant de grimper et d’atteindre, récemment, un record à plus de 100 euros la tonne.
Lancé en 2005, le marché européen du carbone est un outil essentiel pour réduire les gaz à effet de serre émis en Europe.
Ce mécanisme fonctionne selon le principe du pollueur-payeur et fixe, pour de nombreux secteurs industriels, un plafond d’émissions de CO2 autorisées, sous forme de quotas alloués. Les entreprises qui dépassent ce seuil doivent alors acheter sur le marché carbone des quotas vendus par les entreprises qui, elles, ont réussi à réduire leurs émissions au-delà de leur objectif de réduction.
Depuis 2012, ce plafond diminue chaque année afin de faire baisser le niveau total des émissions en Europe. De plus, une partie croissante des quotas d’émissions n’est plus distribuée gratuitement, mais doit être achetée directement aux états membres par les entreprises. De ce fait, les recettes fiscales liées au marché carbone augmentent et permettent de financer des projets réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
En savoir plus sur le marché européen du carbone.
Ce mécanisme – baptisé « système d’échange de quotas d’émission » ou ETS (Emission Trading Scheme) – a cependant connu de nombreuses limites et critiques (lire notre article et interview : Une nouvelle vie pour le marché européen du carbone ?).
En effet, malgré un démarrage prometteur, le prix de la tonne de CO2 a chuté et stagné à un faible niveau durant de longues années, ce qui n’a pas incité les industriels à faire les efforts attendus.
Suite à une réforme du mécanisme, on assiste désormais à une nouvelle tendance : ces dernières années, le prix du carbone est d’abord passé de 5 à 20€ la tonne où il a stagné jusqu’en 2021 avant de grimper et d’atteindre, cette semaine, un record à plus de 100 euros la tonne. Ci-dessous un aperçu de l’évolution du prix à la tonne ces dernières années publié sur le site Ember.
Parmi les raisons d’une telle hausse, un plus grand optimiste économique pour la zone euro, qui pourrait se traduire par une hausse de la production des entreprises, et donc des rejets de CO2 qui en découlent.
L’évolution de la règlementation du marché carbone au niveau européen visant à durcir les règles du marché votée début février par le Parlement européen ayant sans doute elle aussi contribué par ailleurs au « sprint final » pour franchir ce cap de 100 euros.
Les analystes ne s’attendent toutefois pas à ce que le prix poursuive sa progression dans les prochains mois. Car, d’après eux, la réévaluation à la baisse du prix du gaz par rapport au charbon constitue un facteur baissier.
L’envolée du prix du gaz en 2022 a poussé les entreprises, dans certains pays plus que d’autres, à se tourner vers le charbon, une énergie bien plus émettrice de carbone. Mais le prix du gaz naturel européen tourne désormais autour des 50 euros le mégawattheure, un niveau près de sept fois inférieur à son pic d’août 2022.
Les effets de la progression des énergies renouvelables dans les processus industriels tant que dans le quotidien des entreprises devraient permettre à celle-ci de progressivement moins rejeter de gaz à effet de serre. Et donc à refaire baisser les taux démissions, et donc indirectement les demandes du marché et donc son prix, en matière de carbone. Si, toutefois l’effort reste commun et continu afin de tendre vers l’objectif de 2050.