L’association de référence NegaWatt propose 50 mesures pour économiser rapidement 10% de la consommation d’énergie, avec un accompagnement de l’ensemble des ménages. Un scénario qui permet notamment de limiter la hausse des factures.
Le contexte actuel de crise énergétique met la sobriété énergétique au cœur des politiques belges et européennes.
Ce thème est souvent difficile à aborder en public car il est rapidement perçu comme une perte de confort et “un retour à la bougie”.
Or il s’agit avant tout de réduire les gaspillages énergétiques et de maîtriser les factures.
Une préoccupation que les ménages et acteurs locaux comprennent mieux aujourd’hui.
Mais pour réussir une mobilisation sur ce thème, les notions de solidarité et de justice sociale sont centrales.
Un appel à la solidarité
En Belgique, la FEBEG – fédération du gaz et de l’électricité – lance ainsi un appel à une sobriété énergétique solidaire : “A eux-seuls, les efforts des ménages ne pèseront jamais suffisamment dans la balance. Il faut organiser un effort solidaire de sobriété énergétique à l’échelle nationale (et européenne), des ménages et du secteur industriel et de l’énergie, du secteur tertiaire et du commerce, et aussi des pouvoirs publics (qui doivent accompagner et coordonner la manœuvre).”
La hausse faramineuse des prix de toutes les énergies représente un choc économique sans précédent qui impacte le pouvoir d’achat des ménages et menace la viabilité des entreprises, en particulier celles intensives en énergie.
La FEBEG est bien consciente que l’appel aux économies d’énergie est très délicat. “De très nombreuses familles ont du mal à payer leurs factures et font déjà des compromis sur leur confort. Leur demandons-nous d’économiser encore plus? de faire encore plus de compromis sur leur confort ? NON.
C’est un appel à la solidarité. Cette solidarité dans la sobriété énergétique est la manière la plus sûre de préserver le revenu des citoyens et la continuité de nos entreprises et donc de notre économie. Cette crise est une crise de l’offre sur le marché du gaz. Nous devons donc impérativement maîtriser la demande d’électricité et de gaz pour faire pression sur les prix.”
Une transition juste
En France, l’association professionnelle NegaWatt publie ses propositions pour réduire d’au moins 10 % nos consommations d’énergie d’ici deux ans.
NegaWatt accompagne depuis plus de 20 ans les acteurs de terrain (collectivités, entreprises, …) pour mettre en œuvre une sobriété volontaire.
Certes, les mesures chiffrées concernent la France mais elles s’avèrent également inspirantes pour la Belgique.
En s’appuyant sur les retours d’expérience de ses membres, NegaWatt attire l’attention des décideurs et des opérateurs sur les enjeux clés à anticiper dans leur mise en oeuvre.
Mais l’association insiste aussi sur la justice sociale et l’accompagnement de l’ensemble des ménages et en particulier les ménages les plus vulnérables. Une politique de transition juste et une communication transparente facilite l’adhésion des citoyens.
Les messages et les actions doivent être cohérents dans le débat public : “les gabegies visibles nuisent à la mobilisation.”
De plus, les projets de taxation des surprofits des géants de l’énergie permettraient non seulement de récupérer des recettes fiscales pour financer ces actions au bénéfice de tous mais aussi de montrer une réelle volonté politique de justice sociale.
Bâtiment et transports
Les propositions de NegaWatt visent principalement le bâtiment : celui-ci subit fortement les tensions d’approvisionnement sur le gaz et l’électricité, et il présente de multiples possibilités d’actions à très court terme.
S’il n’y a pas de risque identifié de pénurie de pétrole pour cet hiver 2022-23, la hausse du prix à la pompe invite à également réduire très rapidement les consommations du secteur des transports.
De manière générale, le rôle de pilotage et d’orchestration des plans de sobriété par l’Etat est essentiel. Que ce soit sur la communication, la coordination des acteurs têtes de pont, l’incitation, la réglementation, ou l’accompagnement par la mise à disposition d’espaces de ressources au niveau national.
Ventilation et covoiturage
Voici quelques exemples de mesures de sobriété énergétique. Les chiffres valent pour la France mais donnent un ordre de grandeur.
- Dans les bâtiments tertiaires, le simple fait d’arrêter la ventilation dans les locaux le permettant pendant les périodes d’inoccupation permet d’économiser 18 TWh, soit 50 % des consommations d’énergie liées à cet équipement.
- Dans les bâtiments résidentiels, respecter la consigne de chauffage à 19°C permet d’économiser 23,5 TWh, soit 13 % des consommations de chauffage. Couper les box TV et internet la nuit et lorsqu’on quitte son logement permet d’économiser plus de 3 TWh, soit 70 % des consommations liées à ces installations.
- Limiter à 110 km/h la vitesse sur autoroute et 100 km/h sur voie rapide permet d’économiser 15 TWh, soit 20 % des consommations de carburant sur ces trajets. Favoriser le covoiturage grâce au déploiement par les collectivités de lignes dédiées permet d’économiser 30 % de carburant sur les trajets concernés tout en facilitant l’accès à la mobilité au plus grand nombre.
- Éteindre les écrans publicitaires entre 23h et 7h du matin permet d’économiser le tiers de leur consommation.
Plusieurs de ces mesures ont déjà été testées ou appliquées dans certains pays européens.
Mais le politique s’avère très frileux si la mesure s’avère impopulaire, comme l’idée de réduire la vitesse maximale sur autoroute. Par contre, déployer le covoiturage semble plus porteur.
Dans un premier temps, les services publics, collectivités et entreprises sont en tout cas les mieux à même de montrer l’exemple.