Les kits solaires « plug & play » bientôt autorisés en Belgique

kits solaires Belgique

Raccorder des panneaux solaires directement à une prise électrique ? Le sujet a suscité des discussions au sein de Synegrid, la fédération belge des gestionnaires de réseau de distribution et de transport d’électricité et de gaz.

En effet, c’est Synergrid qui définit les règles à suivre en matière d’installation de production d’électricité raccordée au réseau belge, pour en garantir le bon fonctionnement, la sécurité et la stabilité. Il y a encore peu, les kits solaires « plug & play » étaient interdits. Mais avec la modification récente des prescriptions techniques (le C10/11), ils seront autorisés à partir du 17 avril 2025.

Brugel et la CWaPE ont également approuvé ce changement en précisant qu’il concernait aussi d’autres types de matériel électrique, comme des batteries mobiles, des chargeurs bidirectionnels pour véhicule électrique, etc.

En quoi consistent les kits solaires « plug & play » ?

Il s’agit d’une installation solaire, d’un ou plusieurs panneaux connectés entre eux et équipés de micro-onduleurs. Elle peut être directement branchée à une prise électrique, elle-même positionnée sur l’un des circuits électriques de l’habitation.

Selon la configuration de votre extérieur (terrasse, clôture, garde-corps, carport, etc), un support pourra être ajouté pour fixer et incliner au mieux les panneaux. L’installation est assez simple, un manuel d’accompagnement s’assure que n’importe qui puisse le faire, et cela, en moins de 4 heures.

Ainsi, on retrouve les mêmes composants principaux qu’une installation photovoltaïque classique, mais avec un modèle « plug-in » accessible à la plupart des bricoleurs amateurs.

kits solaires
Sources images : conseillethermique.org (gauche), Sunology (droite)

Quels en sont les avantages ?

Bien que le système du kit solaire n’ait pas encore été testé en Belgique, il est possible d’en lister plusieurs avantages grâce au retour d’expérience en France, ces dernières années :

  1. Un investissement moins coûteux pour produire de l’électricité renouvelable
  2. Une installation presque aussi simple que le montage d’un meuble suédois
  3. L’accessibilité à l’énergie renouvelable sur des sites à faible potentiel en toiture
  4. La limitation des modifications techniques au niveau du tableau principal, permettant dans certains cas d’éviter l’intervention d’un installateur et la pose d’un câble du toit jusqu’à la cave
  5. Une augmentation de la production d’électricité possible pour les immeubles collectifs (idéal pour les logements sociaux)
  6. Des économies sur la main-d’œuvre si on est bricoleur
  7. Des panneaux souvent plus accessibles, idéal pour les nettoyer régulièrement
  8. Période de garantie équivalente à celle d’une installation classique

Mais est-ce vraiment rentable ?

La rentabilité doit être évaluée en prenant compte du coût d’achat du kit en ligne (dégressif selon le nombre de panneaux achetés), de la présence ou non de main-d’œuvre, des éventuels surcoûts pour des équipements supplémentaires, ainsi que de la production d’électricité qu’on pourra en tirer et surtout autoconsommer.

Pour l’achat d’un kit solaire, il existe différentes gammes de prix. Par exemple, pour deux panneaux de 400 Wc avec micro-onduleurs intégrés, on peut s’en sortir pour environ 600 € TVAC. À cela, il faut ajouter le coût d’un support incliné pour garde-corps ou terrasse (entre 100 € et 200 €). On arrive ainsi à un prix légèrement supérieur, voire égal, à 1 €/Wc, ce qui est bien plus compétitif que les installations classiques sur toiture (+/- 1,8€/Wc main d’œuvre comprise). Sans main-d’œuvre et avec une autoconsommation supérieure à 40 %, le projet semble tout à fait rentable.

Au niveau de la production, celle-ci peut varier en fonction de l’inclinaison et du niveau d’ombrage provoqué par des éléments extérieurs. Jusqu’à une inclinaison de 50°, la chute de production est négligeable, mais au-delà elle peut devenir plus importante (-29% pour un système vertical à 90°). Si vos panneaux sont placés en ville au premier étage, il y aura aussi davantage un risque d’ombrage provoqué par des bâtiments avoisinant, surtout l’hiver lorsque le soleil est plus bas. Il peut donc y avoir une inégalité de production entre les appartements pour un même investissement de départ, mais ce n’est pas une généralité pour tous les immeubles.

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Pour être complet, il faudrait aussi intégrer dans les calculs la présence ou non de systèmes de soutien selon la région ou la commune. Par exemple, l’obtention de certificats verts à Bruxelles qui est un avantage significatif pour la rentabilité du solaire dans cette région. Mais pour obtenir des certificats verts, il faut installer un compteur vert spécifique pour comptabiliser la production sortant de l’onduleur, ce qui n’est pas prévu par ces systèmes actuellement commercialisés. Brugel devra statuer sur ce point, car sans compteur vert, pas de certificats verts, et donc moins de rentabilité. Nous n’avons donc pas pris en compte les régimes de soutien dans notre analyse.

La main-d’œuvre, pour ceux qui ne se sentiraient pas suffisamment à l’aise d’installer un kit au dixième étage par exemple, représente aussi un coût supplémentaire. Toutefois, il peut être réduit par des économies d’échelle en cas d’installations multiples dans un même immeuble. Nous n’incluons pas non plus de coût de location d’un engin élévateur, en imaginant que ces kits puissent être installés à partir de la terrasse.

Enfin, il faudra prévoir la visite d’un contrôleur d’un organisme agréé (+/-150 € TVAC) pour réceptionner l’installation et informer ensuite le gestionnaire de réseau de la présence de ce type de système, notamment pour commercialiser l’injection excédentaire.

En faisant le bilan, de ces différents paramètres, et du niveau de productivité variable, un retour sur investissement peut varier de 7 à 11 ans.

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Notons que l’autoconsommation est plus élevée que la moyenne (>40%) car ces systèmes seront plus petits (moins de panneaux), limités par la taille des balcons et la réglementation électrique que doivent respecter les logements (RGIE).

Les kits solaires remplaceront-ils les installations classiques ?

Les kits solaires pourraient émerger dans des immeubles résidentiels où le toit est déjà saturé de panneaux photovoltaïques alimentant le compteur des parties communes. Ces kits individuels, placés sur les garde-corps, permettraient de produire de l’électricité pour des appartements privatifs. Le potentiel serait par exemple de 2 à 3 modules par appartement, en fonction des surfaces disponibles et de l’orientation (Est, Sud et Ouest). Cependant, l’argument de la simplicité de leur installation doit être évalué en tenant compte de plusieurs contraintes que l’on peut imaginer :

  • Le déploiement dans ce type de bâtiment nécessitera, probablement, une formation des équipes techniques de maintenance pour en assurer une installation sécurisée et éviter tout risque de chute.
  • L’autorisation des propriétaires de l’immeuble devra, sans doute, être requise, d’autant plus que l’installation de pots de fleurs en débord de balcon est déjà interdite pour des raisons de sécurité et d’esthétique.
  • L’installation domestique devra être conforme et à jour, même si les fabricants de ces produits fournissent déjà un bon niveau de sécurité pour les utilisateurs.
  • Une prise extérieure conforme sur le balcon devra être installée, ce qui évitera de faire passer un câble par une fenêtre entrouverte, réduisant ainsi les courants d’air.
  • Le nombre de panneaux sera limité à la capacité du circuit (16A ou 25A) à faire circuler le courant. Cela sera certainement définit par le fédéral au travers du RGIE (règlement général des installations électriques).
  • Il faudra s’assurer que les supports utilisés soient adaptés même si le poids des kits est relativement léger (<5 kg par panneau).
  • Enfin, chaque projet visible depuis la voie publique devra avoir un permis d’urbanisme délivré par la commune, une formalité qui n’est pas toujours nécessaire pour les installations photovoltaïques en toiture.

Un concurrent au partage d’énergie ?

Le partage d’énergie permet de mutualiser le surplus d’injection des compteurs vers ceux qui n’en bénéficient pas. C’est donc un modèle complémentaire aux kits solaires. Il faut aussi imaginer que si certains appartements bien orientés pourront facilement installer quelques panneaux en façade, d’autres exposés au nord n’y auront aucun avantage économique. Le partage permettra de donner l’accès aux appartements qui ne sont pas directement alimentés en énergie solaire.

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Retrouvez le communiqué de Synegrid ici.