Tuiles solaires : concilier patrimoine et transition énergétique

tuiles solaires

Les sites historiques et monuments classés peuvent être énergivores en raison de leur maintenance. Dès lors, comment concilier transition écologique et conservation du patrimoine ?

Ça y est, c’est officiellement la rentrée ! Vous avez peut-être eu l’occasion de partir en vacances à la découverte de monuments historiques. Et si on vous disait que le site que vous avez visité était alimenté en énergie renouvelable grâce à des tuiles solaires ? Encore rares, elles continuent de faire leur petit bonhomme de chemin.

L’apparence des panneaux photovoltaïques classiques est parfois difficile à intégrer dans des quartiers historiques ou sur des sites classés. Cependant, patrimoine et énergies renouvelables peuvent tout à fait cohabiter, comme le montrent déjà quelques exemples.

Pompéi

Chaque année, le site de Pompéi accueille des millions de visiteurs. Pour que ces derniers puissent profiter pleinement des fresques murales, leur éclairage est parfois nécessaire à certains endroits du site. Afin de rendre la consommation d’énergie plus responsable, des tuiles solaires, parfaites imitations de celles en terre cuite, ont été intégrées et testées sur le toit de la Villa des Mystères.

villa des mystères tuiles solaires
La fresque découverte dans la Villa des Mystères. Source image : iStock.

Alimentées depuis octobre 2023 par de l’énergie solaire, les lampes LED y éclairent une fresque retrouvée en 1909, sous des mètres de cendres volcaniques. Les tuiles solaires, développées et brevetées par Ahlux Italia, recouvrent 70 m² et ont une durée de vie oscillant entre 20 et 25 ans. Elles sont reliées à une batterie au sodium qui, selon Alberto Bruni, responsable du projet, a un faible impact sur l’environnement.

L’innovation apportée par ces tuiles suscite l’intérêt de certaines institutions italiennes, étant donné les efforts que le pays devra fournir pour la rénovation des bâtiments, notamment des toits recouverts de tuiles traditionnelles.

Neuchâtel

Dans le canton de Neuchâtel, en Suisse, 33 300 tuiles solaires, fournies par le fabricant Freesuns, ont été installées sur les toits de trois bâtiments historiques, dont le Collège des Parcs. Celles-ci devraient produire environ 150 000 kWh par an, équivalant à la consommation d’une cinquantaine de ménages suisses. Développées en partenariat avec le centre suisse d’innovation technologique, les tuiles épousent les courbes irrégulières du toit du Collège des Parcs sans l’endommager.

Toulouse

Lorsqu’on habite autour d’un bâtiment classé, on ne peut pas faire tout ce qu’on veut quand on se lance dans la rénovation de son logement, y compris pour le toit. De nombreux critères sont à respecter : types de matériaux, couleur de la façade, esthétique générale, etc. Cela peut vite devenir un parcours du combattant lorsqu’on veut installer des panneaux photovoltaïques. Exemple à Toulouse, où la couleur sombre de ceux-ci s’intègre mal dans l’esthétique de la ville Rose et de ses toits en tuiles traditionnelles.

toulouse tuiles solaires
La ville de Toulouse et ses toits en tuiles traditionnelles. Source image : iStock.

Mais grande première, une habitante de la ville a réussi à en faire poser sur son toit grâce à leur particularité : leur couleur brique ! Pour obtenir ce résultat, aucune encre n’a été utilisée, car il s’agit en réalité d’un filtre. Celui-ci réfléchit certaines longueurs d’ondes, donnant une couleur spécifique au panneau. Cependant, leur coût est supérieur à celui des panneaux classiques et la performance peut être plus faible (plus les panneaux sont clairs, moins ils absorbent de lumière).

Tout n’est certes pas parfait mais ces exemples démontrent que préserver un patrimoine de façon plus responsable est possible.