Encore rare en Wallonie, l’installation éolienne en forêt pose question là où elle est envisagée. Renouvelle fait le point sur l’implantation éolienne en zone forestière et ses impacts.
L’implantation en forêt se justifie au travers de plusieurs avantages : elle permet d’éloigner les parcs éoliens des habitats et des activités humaines. Le regroupement d’éoliennes en forêt diminue également les impacts en termes de paysage dans d’autres zones plus ouvertes. Enfin, la végétation dense de la forêt fait office d’écran acoustique.
Une distance d’environ 35 m entre la canopée et le bas des pales est actuellement recommandée par le Département de la Nature et des Forêts (SPW ARNE) afin de limiter l’impact sur les populations de chauves-souris. Selon la hauteur des arbres qui les entourent, les éoliennes implantées en forêt seront donc généralement hautes (minimum 180 m, 200 m ou plus) en bout de pale. Qui dit éolienne plus haute dit éolienne plus productive. Cela permet d’offrir une grande production d’électricité pour un faible impact au sol.
Lutter contre le dérèglement climatique, aussi pour la santé de nos forêts
Les forêts wallonnes d’épicéas (qui préfèrent un climat frais et humide) souffrent du dérèglement climatique et des sécheresses et canicules qui en résultent. Les scolytes (petits coléoptères) ravagent nos forêts ardennaises affaiblies par le manque d’eau. Cela représente d’énormes pertes pour le secteur forestier : des écorçages et abattages doivent être envisagés pour tenter de ralentir la propagation des scolytes.
Rappelons que la production d’électricité par les éoliennes permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique et, par voie de conséquence, de protéger la forêt des impacts de ce dérèglement. Dans une monoculture d’épicéas, une telle implantation offrirait l’occasion de repeupler les zones de déboisement temporaires et celles de compensation, en choisissant des espèces plus résistantes au dérèglement climatique en cours et en amenant une plus grande diversité d’espèces propice à la résilience forestière.
Les impacts environnementaux des éoliennes en forêt
En Wallonie, Le Code du développement territorial (CoDT) autorise l’implantation des éoliennes en forêt en dehors des peuplements de feuillus qui présentent un grand intérêt biologique. Les projets étudiés s’envisagent donc dans des forêts d’épicéas, dont la valeur biologique est considérée comme faible.
Comme pour des implémentations en zone agricole, il faut considérer les impacts sur le milieu biologique spécifique à chaque projet. L’étude d’incidences environnementales est obligatoire et analyse attentivement la situation locale, les essences d’arbres présentes, les travaux spécifiques à effectuer et leurs impacts. Elle émet des recommandations pour des emplacements d’installation plus adaptés et des mesures de compensation.
Il est souvent recommandé par les auteurs d’études d’incidences et le Département de la Nature et des Forêts de replanter le double ou le triple des arbres qui auront dû être coupés pour le chantier en guise de compensation.
Un petit coin de forêt contre une belle épargne de CO2
La fondation d’une éolienne nécessite une surface circulaire d’un diamètre de 19 à 23 m, soit une surface d’environ 0,04 ha. Les aires de manutention et les nouveaux chemins d’accès nécessitent un déboisement pendant toute la durée d’exploitation. Ce dernier est aussi recommandé autour des éoliennes pour éviter des impacts sur les populations de chauves-souris mais un reverdissement sera possible, avec des arbustes bas. Les surfaces où des coupes sont nécessaires pour aménager provisoirement les aires de montage, de grutage, élargir les chemins d’accès… pourront être reboisées une fois les éoliennes construites. On peut considérer, sur base de l’exemple de 2 projets développés actuellement dans des forêts wallonnes (Gouvy et Malmedy), que l’ensemble de l’impact du déboisement permanent se situe entre 0,2 et 0,4 ha.
Les éoliennes de ces même projets permettent d’éviter entre 2.200 et 3.700 tonnes d’équivalent CO2 (en fonction des configurations des sites, conditions de vent, de la hauteur des éoliennes,…), en remplaçant une production d’électricité issue de moyens carbonés. La forêt wallonne quant à elle, absorberait entre 3 et 5 tonnes d’équivalent CO2 chaque année sur une surface de déboisement similaire à celle nécessaire pour implanter une éolienne.
Dans tous les cas, le sujet mérite une réflexion basée sur des faits et moins sur l’émotion, pour comprendre que transition énergétique et écologie peuvent cohabiter.