En fin de vie, certaines éoliennes partent vers des filières de recyclage. D’autres sont minutieusement démontées et revendues d’occasion, entières ou en pièces détachées, après reconditionnement.
En Wallonie, les exploitants des parcs qui atteindront bientôt 20 ans de fonctionnement s’intéressent aujourd’hui au repowering (on peut noter des projets à Perwez, Pont-à-Celles, Dour, Bütgenbach, Villers-le-Bouillet…). Mais d’autres pays, comme la France, n’attendent pas cet anniversaire. Après 15 ans de service et une fois rentabilisées, il y est assez fréquent de démanteler les éoliennes, le prix d’injection fixe de l’électricité n’étant aussi plus garanti.
WindEurope estimait, fin 2020, que 20 GW des parcs éoliens en Europe allaient subir un repowering dans les 10 ans, soit 10% de la capacité totale installée. A côté de l’option du recyclage des turbines, avec des taux de recyclabilité de 98% du poids des matériaux et de recyclage réel autour de 90%, le marché de la seconde main des éoliennes devient assez actif.
Les opérations de rénovation des éoliennes, pour prolonger leur durée de vie et les rendre plus performantes, ainsi que leur reconditionnement, ouvrent des nouveaux marchés, liés, entre autres, à la vente des composants, à la maintenance ou au conseil aux exploitants (analyses de durée de vie résiduelle de la machine et de ses composants structurels).
On assiste donc aujourd’hui au développement d’un marché européen d’éoliennes de seconde main avec des acteurs comme la société Mywindparts ou MD Wind. Les composants principaux (multiplicateur, génératrice, transformateur, axe principal) sont reconditionnés puis vendus à un prix entre 30 et 50% du prix neuf.
Le progrès des technologies éoliennes
Pour capter un maximum de vent et produire plus d’énergie, l’évolution technologique des éoliennes suit une tendance à l’augmentation de la hauteur du mat et/ou à l’allongement des pales. Les nouvelles machines disponibles sont donc de plus en plus hautes. Le standard de 150m devenant progressivement rare, les nouveaux projets voient souvent leurs éoliennes culminer à 180m, 200m voire 230m.
Les parcs éoliens de 20 ans qui font, aujourd’hui, l’objet de repowering avec des machines neuves permettent ainsi d’en réduire le nombre installé sur un site, tout en produisant plus d’énergie. Pour les sites où ce dernier n’est pas possible, une extension de 5 à 10 ans de la durée des permis peut être intéressante. L’expérience montre que les éoliennes peuvent encore produire pendant cette durée moyennant des entretiens et, en cas de besoin, le remplacement de composants pour maintenir les machines en production.
Toujours à propos de repowering, les statistiques de WindEurope montrent une diminution de 27% du nombre d’éoliennes par parc, un doublement de capacité installée et un triplement de l’énergie produite.
Pourquoi choisir des éoliennes de seconde main
En Flandre, un premier projet d’installation d’éoliennes de seconde main se concrétise à Maasmechelen. À l’instar de certains projets wallons, le permis nécessaire à son exécution est conditionné par des critères de hauteur pour des raisons de sécurité aéronautique, civile ou militaire.
Par ailleurs, certains permis octroyés, il y a quelques années, se basaient aussi sur des machines plus petites mais n’ont pas encore pu se concrétiser dû à un long délai de recours au Conseil d’Etat. Vu l’évolution technologique, le marché ne permet plus toujours d’acquérir, à l’état neuf, la machine prévue dans le permis une fois celui-ci purgé de tous recours.
Enfin, si une turbine dans un parc a subi un dommage ou une panne importante, il est parfois plus intéressant pour l’exploitant de la remplacer par un modèle équivalent, notamment pour des raisons opérationnelles (gestion/maintenance) ou paysagères.
Dans chacun de ces cas et comme réponse aux contraintes, la seconde main offre la possibilité de trouver des éoliennes de plus faible hauteur (150 m ou même moins).
Reconditionnement et garanties
Des stratégies d’investissement existent pour le futur exploitant d’une éolienne de seconde main : choisir d’investir plus ou moins dans le CAPEX, un reconditionnement plus massif en début de projet avant l’installation, ou dans l’OPEX, maintenance et réparation de la machine durant son cycle de vie. Le prix d’achat de l’éolienne de seconde main dépendant de cette stratégie.
Certains opérateurs peuvent ainsi choisir de reconditionner complètement les machines, avec le remplacement complet de composants majeurs comme la boîte de vitesse, un recoating complet des pales,… Les éléments reconditionnés font alors l’objet de garanties spécifiques, de 2 à 3 ans, offertes par les fournisseurs et prestataires.
A côté de ces garanties, des entreprises de maintenance envisagent de proposer des contrats pour les éoliennes de seconde main, comme il en est pour les éoliennes installées à neuf, avec des garanties de disponibilité, pour des durées de 5 à 10 ans.
Et aujourd’hui en Wallonie ?
Toutes les éoliennes installées aujourd’hui en Wallonie proviennent de fournisseurs de matériel neuf. Les développeurs wallons n’ont pas encore fait appel au marché de seconde main mais le secteur s’y intéresse néanmoins de près. Il est attendu qu’une demande se développe dans les années à venir. Prolonger la durée de vie des éoliennes grâce à leur reconditionnement contribuerait à l’économie de matériaux et à l’émergence d’une économie circulaire en Wallonie. Le recours accru aux filières de seconde main permettrait également de revaloriser des emplois locaux dans les domaines de la mécanique, de l’électromécanique et de l’électricité, entre autres.