La fermeture progressive des centrales nucléaires allemandes a été compensée par la croissance des énergies renouvelables. Le pays a ainsi évité les pénuries d’électricité, diminué ses émissions de CO2 et stabilisé les prix de l’électricité.
Voici 10 ans, la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon alertait l’opinion publique mondiale sur les dangers de l’atome.
L’Allemagne décida aussitôt de sortir progressivement du nucléaire et de s’engager dans une transition énergétique (“Energiewende”, en allemand).
A l’époque, de nombreuses critiques et affirmations étaient émises : “L’Allemagne va utiliser plus de charbon et émettre plus de CO2”, “Ils vont connaître des pénuries d’électricité”, “Les prix de l’électricité vont augmenter”, …
10 ans plus tard, Agora Energiewende, un institut indépendant dédié à la transition, publie un bilan statistique qui démonte ces affirmations ( https://www.agora-energiewende.de/en/publications/10-years-after-fukushima/ ).
Voici donc les faits.
Un éclairage très utile à l’heure où la Belgique s’engage elle aussi dans une sortie du nucléaire d’ici 2025 et que les mêmes critiques circulent dans le débat.
Fin du nucléaire, croissance des renouvelables
En Allemagne, le plan de sortie du nucléaire a débuté en 2000 puis s’est accéléré après la catastrophe de Fukushima. Onze centrales nucléaires ont déjà été arrêtées ; les six dernières seront fermées d’ici fin 2022 (graphique ci-dessous).
Dans le mix électrique allemand, la part du nucléaire a diminué de moitié entre 2010 et 2020 (de 22 à 11%) ; tandis que les énergies renouvelables ont grimpé de 17 à 45% (avec une grande contribution de l’éolien terrestre) – voir graphique ci-dessous.
Entre 2010 et 2020, l’Allemagne n’a connu ni pénurie d’électricité, ni importation de gaz pour compenser le nucléaire.
Comme le montre le graphique ci-dessous, la production nucléaire a chuté de 76 TWh ; tandis que la production renouvelable a augmenté de quasi 150 TWh – soit le double.
La production au gaz naturel est restée quasi identique, tandis que le charbon (hard coal et lignite) a diminué de façon significative.
La diminution de la consommation d’électricité en 2020 est principalement due à la crise liée au coronavirus. Une consommation plus importante est attendue en 2021.
Contrairement aux craintes exprimées en 2011, la sortie du nucléaire n’a pas conduit à une hausse des émissions de CO2 dans le secteur de l’électricité.
Cependant, ces émissions sont restées relativement élevées jusqu’en 2015, puis elles ont commencé à fortement diminuer lorsque le prix du carbone a augmenté et ainsi rendu le charbon moins attractif.
Enfin, parmi d’autres conclusions du rapport, la sortie du nucléaire n’a pas eu d’incidence sur le prix de l’électricité pour les ménages.
Certes, ce prix a augmenté entre 2010 et 2013, mais principalement en raison des surcoûts liés aux énergies renouvelables (voir “EEG” sur le graphique ci-dessous). Durant cette période, l’Allemagne a accordé un soutien spécifique au photovoltaïque et à la biomasse, des productions qui étaient encore coûteuses à l’époque. Mais depuis 2014, le prix de l’électricité pour les ménages s’est stabilisé autour de 30 c€/KWh. La croissance des énergies renouvelables, devenues compétitives, n’a plus joué sur le prix.
L’industrie et les commerces ont bénéficié d’exemptions de taxes et autres charges, pour des motifs de compétitivité, et payent dès lors un prix moins élevé que les ménages.
Voici donc quelques unes des conclusions de ce rapport sur la sortie du nucléaire en Allemagne. Nous vous invitons à lire le bilan complet pour plus de détails.